J'écoute encore Saturnalia à l'écriture de cette chronique. Il faut dire que l'album est époustouflant. Le projet de Greg Dulli (ex chanteur d'Afghan Whigs) et de Mark Lanegan (ex chanteur de Screaming Trees) est l'un des meilleurs disques de ce début d'année, et nous ne sommes que fin février.
Déjà le titre diffusé sur le site de Sub Pop, pour tenir le public en haleine, laissait présager de bonnes choses. Mais le disque en écoute streaming pour chroniqueurs, enterrant un peu plus ce pauvre Compact Disque (à moins que cela traduise un manque de confiance envers les chroniqueurs) est énorme.
Première surprise, les registres vocaux des deux protagonistes se complètent à merveille, la voix de Mark, grave au possible, vient se poser à côté de celle de Greg dont le registre est plus aigu, tout ceci sans aucun nombrilisme de leur part.
Autre surprise, et de taille celle-ci, aucune faiblesse dans les compositions. Tous les titres sont bons, sans exception, et comportent un intérêt musical certain. L'apport personnel de chacun donne une grande cohérence à l’ensemble, la qualité d'écriture des morceaux est clairement élevée.
Mark et Greg ont enrichi leur collaboration de pléthore d'instruments et de sons piochés dans toutes les influences musicales possibles. Pour ceux habitués à l'un ou à l'autre des deux hommes, on retrouve leur patte et leur parcours musical individuel, dans ce projet à deux têtes.
Faire la liste des titres sur lesquels s’arrêter en particulier reviendrait presque à recopier le verso du disque. Tout de même, outre le morceau avant première "Idle Hands", aux violons criards et à la guitare lourde et sombre, on il faut retenir le titre d'introduction, "The Stations", qui décolle au bout de la première minute, après une introduction vocale de Mark, magnifique. "All Misery Flowers", nous plonge dans les profondeurs sombres du caniveau, cher à nos deux chanteurs (Gutter Twins signifiant a peu près les jumeaux du caniveau) "Who Will Lead Us", sorte de soul blanchie à l'extrême par la voix de Greg Dulli.
La tonalité de l'album est globalement nostalgique et sombre, les titres sont développés avec patience, et ciselés note après note. Il faut dire que Mark Lanegan et Greg Dulli ont eu le temps de préparer et de fignoler ce disque, les débuts de leur collaboration remontent à fin 2003. C’est dire si ce disque était attendu.
Il ne décevra ni les fans de l'un ou de l'autre et encore moins les autres. Certainement le disque le plus à propos depuis le début de l'année.
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