Comédie dramatique de Anne Avrane, mise en scène de Marie-Do Fréval avec Carine Cotillon,
Elisabeth Drulhe,
Martine Demaret,
Raoul Fernandez,
Natasha Mash, Eloïse Mercier,
Sophie Millon,
Marie Réache (ou Marie-Do Fréval en alternance),
Juliette Uebersfeld,
Grégory Vouland,
Maddy Le Goff et Marine Martin (ou
Constance Bichon en alternance).
A quoi rêvent les vaches quand elles regardent passer les trains ? A quoi pense le troupeau de "Cœurs de vaches", quand il pose son regard sur le public du Théâtre de la Tempête ?
Pour évoquer l'amorphisme organique de l'individu sociétal contemporain, Anne Avrane recourt, dans un registre burlesque qui flirte avec le comique pathétique de Ionesco, à la métaphore avec cette déclinaison anthropomorphique du corps des hommes dépendant d'une condition humaine inéluctablement désespérée, et désespérante, comme les vaches, les pattes engluées dans leurs bouses.
Sur leur pré carré de prairie synthétique, chacune de ces vaches bipèdes, nettement différenciées, a son histoire, son caractère, ses rêves et ses illusions. Blasée, lucide, insouciante, velléitaire, effrayée, pragmatique, résignée ou inconsciente, chacune a sa propre perception de leur condition commune qu’elle rumine sans vraiment la contester ni la transcender, saisissant toute opportunité pour se démarquer de sa voisine et cependant attachée au giron faussement rassurant du troupeau.
Conditionnées par le destin assigné, tout est bon dans la vache, la peau, la viande, le lait, même les os, et son veau, elles chantent, du gospel ("Cow girl") et le rap ("Et danse le meuh") en attendant l’arrivée redoutée de la bétaillère.
Marie-Do Fréval, a mis en scène ce troupeau bovin, "miroir de notre solitude et de nos corps écroulés dans des canapés", interprété par 11 comédiennes et comédiens au jeu étonnant qui délivrent une belle et très réussie prestation chorale, à la manière d'une tragicomédie socio-politico-comportementale roborative.
Et poum, et tac et meuh ! |