Comédie de Shakespeare, adaptation de Valère Novarina, mise en scène de Claude Buchvald, avec Jacques Bailliart,
Marie Ballet,
Didier Dugast,
Jean-Christophe Folly,
Mathieu Genet,
Régis Kermorvant,
Jean-François La Bouverie,
Nelson-Rafaëll Madel,
Olivier Martin-Salvan,
Claude Merlin, Chaloup,
Gilles Privat,
Bastien Thelliez,
Loïc Venon, et
Christine Vézinet.
Avant de devenir l'auteur de sa propre langue, Valére Novarina a exploré celle des classiques et notamment celle de Shakespeare en travaillant sur "Henri IV" dont est issu "Falstafe", comédie dramatique dans laquelle il donne le rôle titre à Fastaff, qui apparaît dans plusieurs des opus shakespeariens.
Falstafe, seigneur ruiné, bouffon tragique qui vit d’expédients et se complait dans les frasques hédonistes qu'il partage avec le jeune prince héritier, fils du roi Henri IV d'Angleterre et futur Henri V, qui, sur fond de batailles rangées et de meurtres sanglants, mène des joutes plus paillardes.
De larcins en débauches, ce dernier jette sa gourme jusqu'au jour où, devenu adulte, il est saisi par la vertu. Qu'en adviendra-t-il alors de ses compagnons d'antan ?
La mise en scène de Claude Duchvald, très aboutie et d’une précision ultime, même pour les scènes brèves, ample et concise, flamboyante et jubilatoire, est un pur bonheur. Dans la scénographie minimaliste de Yves Collet, des éléments de décor symboliques, cimaises hiératiques ou tables de cabaret à tiroirs, elle porte la très belle langue, charnue, profonde et limpide de Novarina.
Pour cette fresque flamboyante, Claude Buchvald a réuni et étoffé sa "troupe" habituelle pour composer une distribution judicieuse de très bons comédiens.
Bastien Thelliez, Régis Kerworvant et Olivier Martin-Salman, ruffians accomplis et farcesques à qui ils donnent une dimension épique, loin des trémoussements et des roulements d'yeux guignolesques, entourent un petit prince tout de blanc vêtu, splendidement interprété par Mathieu Genet, grand roi en devenir à qui ne manque plus que la cape des templiers, au demeurant doublée du drapeau britannique, pour partir en croisade, celle qui le mènera vers le monde moderne. Car "Falstafe" est aussi une pièce sur le passage et sur le cycle de l'Histoire qui rompt avec les siècles d'obscurantisme.
Dans le rôle titre, Gilles Privat est un magnifique Falstafe et donne une belle profondeur à l'humanité du personnage qui n'est pas qu'un "dindon empiffré de farce jusqu’au col" ou un "fou couvert de rides". Bouffon déchu, vieil enfant rebelle, métaphore du théâtre, il est truculent et pathétique, dérisoire et grandiose.
Voilà un grand spectacle qui clôturera avec éclat non seulement la saison théâtrale de la salle Jean Vilar mais également la vocation théâtrale du Théâtre National de Chaillot. |