Ce n'est pas si souvent que la chanson française peut s'accorder aussi bien avec la pop anglaise. Je ne parle pas des groupes français qui chantent en anglais, mais bien de ceux qui tentent de faire sonner nos mots comme ceux de cette langue pop et sexy que l'on parle outre-manche.
Pour résumer, la musique d'Alister est aussi percutante que celle, par exemple, de Fred Poulet ou des Hyperclean, autres déjantés de cette scène française décomplexée.
Chez Alister, tout est dans le phrasé. Voix profonde et nonchalante, mots parlés plus que chantés, autant d'indices qui font remonter la piste jusqu'à l'inimitable Mark E Smith.
On retrouve aussi chez Alister cet humour absurde et grinçant, souvent employé en Angleterre mais beaucoup moins en nos contrées plus terre à terre. Il n'y a qu'à écouter, pour s'en convaincre, les multiples platitudes du quotidien mises en musique par quelques envahissants chanteurs à succès.
Alister joue donc les amuseurs avec ce disque au titre de one man show. Pourtant, au-delà des mots, il y a bien autre chose qu'une simple guitare sèche façon colonie. Derrière Alister, il y a bel et bien de vrais morceaux rock.
Pour résumer, on tient là une perle rare. Pour s'en convaincre, il suffit d'écouter le premier titre "Qu'est-ce qu'on va faire de toi" (qui aurait dans une certaine mesure pu se retrouver sur le Rio Baril de Florent Marchet) ou encore "Hier soir", sorte de blues au rire jaune, voire noir.
Et même si sur la longueur Alister n'est pas irréprochable, en s'autorisant quelques promenades du côté de la variété, on sent que celui qui a écrit des textes comme "La fille au Prisunic" pour la non moins déjantée Adrienne Pauly sait manier les mots autant que la guitare.
Enfin un peu de folie dans le rock français. Alister ne nous veut aucun mal, soyez-en sûr. |