Opéra bouffe de Jacques Offenbach, adapté et mis en scène par Olivier Desbordes, avec Anne Barbier, Agnès Bove, Eric Vignau, Jean-Claude Sarragosse, Jean-Pierre Chevalier, Christophe Lacassagne, Cécile Limal, Nathalie Schaaff, Flore Boixel, Fabienne Masoni, Frédéric Sarraille, Philippe Pascal, Caroline Bouju et Yassine Benameur.
Où trouver une fantaisie musicale débridée mettant en scène, sur fond de romances, duettos, rondeaux et chœurs trépidants, notamment, une sorcière vendeuse d'électricité artisanale, une échappée spatio-temporelle à Pompéi juste avant l'éruption du Vésuve, une incursion dans l'infiniment petit au pays des fourmis, et une ode à la locomotive ?
Dans "Le Roi Carotte", de Jacques Offenbach, que Olivier Desbordes a littéralement exhumé, car cet opéra bouffe n’avait jamais été repris à Paris depuis sa création en 1872, et qu'il a revu et adapté en y semant quelques pochades de son crû.
Ce choix, comme celui de l'opérette "Dédé" de Christiné et Willemetz et des chansons des années folles composant le "Cabaret interlope", les deux autres spectacles qu'il propose dans ce triptyque parisien au Théâtre Silvia Monfort avec l'Opéra éclaté, sa compagnie vouée au spectacle lyrique et musical, est motivé par la conjonction du pur divertissement et de la satire socio-politique.
En effet, Offenbach a saupoudré cette opérette féérique, qui se termine néanmoins en soulèvement populaire quasi brechtien au son de "A bas le tyran, le charlatan !", de quelques coups de griffe aux gouvernants de son époque qui trouvent une étonnante résonance à l'époque contemporaine.
Quant à l'intrigue elle est loufoque : alors que le roi, aimé d'une tendre jeune princesse indûment spoliée par une sorcière, entreprend de renflouer les caisses du royaume par un riche mariage, ladite sorcière opère un putsch charmique pour instaurer le règne du Roi Carotte l'obligeant à une quête initiatique à la recherche d'un anneau salvateur.
En l'absence de décors, l'univers foisonnant et délirant de ce conte de fées rocambolesque pour grands enfants est recréé sur scène par le seul jeu des comédiens dotés de costumes hauts en fantaisie et en couleurs dessinés par Jean-Michel Angays et Stéphane Lavergne.
Les amateurs de ce registre seront enthousiastes. Et si Eric Vignau se distingue en roi fantoche proche des burlesques américains du cinéma muet et Agnès Bove en épatant farfadet vibrionnant, tous les comédiens-chanteurs, animés d'un bel esprit choral, dont la plupart jouent plusieurs personnages avec changement quasiment à vue, méritent d'être plébiscités pour leur interprétation.
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