Avec "Reflets d'or - D'Orient en Occident", le Musée National du Moyen Age, en collaboration avec le Musée du Louvre, a conçu, sous le commissariat Xavier Dectot, conservateur au Musée de Cluny, et Sophie Makariou, conservateur en chef du département des Arts de l'Islam au Musée du Louvre, une exposition consacrée à la céramique à décor de lustre métallique.
Cette exposition thématique braque le projecteur sur une technique décorative très particulière qui bouleversa l'art de la céramique et constitue une des illustrations des échanges intellectuels, commerciaux et artistiques au Moyen Age entre le monde chrétien et le monde musulman.
La route du lustre : des verriers de l'Egypte copte à la céramique des cours européennes
La céramique à reflets d'or est née en Egypte au 4ème siècle.
Elle va essaimer en Orient, en Iran, Iraq et Syrie, du 9ème au 11ème siècle, avant d'être diffusée dans le Magreb pour ensuite franchir la Méditerranée pour connaître son apogée au 15ème siècle en Espagne dans les grands ateliers de Malaga et Valence.
Cette technique, qui consiste en un décor peint avec des mélanges d'oxydes métalliques de cuivre et d'argent, bouleverse la céramique européenne
Elle va être exportée en Italie, en France et en Angleterre où son succès perdurera jusqu'au 18ème siècle.
Des plaques de revêtement aux plats à fleurs de lys en passant par les grands vases à gazelles de l'Alambra, le voyage est placé sous le signe de reflets chatoyants.
Une technique aux déclinaisons plurielles pour un luxe de cour
Chaque étape entraînera des mutations esthétiques induites par les références culturelles propres à chaque pays avec, toutefois, une constante la représentation exceptionnelle de la figure humaine.
En Orient, dès l'origine, la difficulté de réalisation et le coût de production de cette technique la réserve à la réalisation de pièces d'ornement pour les palais et les édifices religieux.
En Occident, cette technique permet d'introduire la céramique et la couleur à une époque où seul le métal, or et argent, était usité pour réaliser les objets de prestige et notamment de la vaisselle d'apparat.
Des décors surchargés des vases de l'Alambra à la sobriété du plat à décor d'oranges de Manisès, de la polychromie des plaques de revêtement iraniennes au bleu profond des coupes syriennes, de l'or aux mille reflets de la coupe à l'arbre peuplé d'oiseaux venant de Sicile aux plats en forme de brasero orné de motifs héraldiques, les pièces présentées sont éclatantes de beauté. |