Comédie dramatique de William Shakespeare, mise en scène de Oskaras Korsunovas, avec Christian Cloarec, Loïc Corbery, Delphin, Michel Favory, Adrien Gamba-Gontard, Françoise Gillard, Christian Gonon, Benjamin Jungers,
Alain Lenglet, Nicolas Lormeau, Pierre Louis-Calixte, Roger Mollien, Shahrokh Moshkin Ghalam, Laurent Natrella, Jérôme Pouly, Bruno Raffaelli,
Julie Sicard, Anneliese Fromont et
Brigitte Boucher.
Autant le préciser in limine, et au risque de tenir un propos réducteur, il faut au spectateur une réelle passion pour la nanoscience pour retrouver l'intrigue principale dans "La mégère apprivoisée" qui sévit salle Richelieu.
En effet, l'administrateur général de la Comédie française, Murielle Mayette, a fait appel au metteur en scène lituanien Oskaras Korsunovas, qu'elle qualifie de "dramaturge passionnant" et de "chorégraphe extrêmement inventif", pour en proposer "une version physique et spectaculaire" dans laquelle les spectateurs connaissant l'intrigue principale ne s'y retrouveront qu'au prix d'une attention digne d'un champion du bonneteau et les autres n'y comprendront sans doute rien.
Car Oskaras Korsunovas pratique un théâtre de la mise en scène qui privilégie la forme au contenu, et donc au texte, dans la conception du théâtre lithuanien qui est un théâtre de l'image, de l'action et de la forme, dépourvu d'affect, où les acteurs sont priés de savoir s'exprimer concomitamment dans tous les registres des arts du théâtre, de la rue et du cirque quel que soit le propos.
Par ailleurs, et de plus, avec son concept de "bouclier-costume", il fait de l'acteur un marionnettiste, tout de noir vêtu, qui, manipulant une planche recto costume et verso miroir, étant tour à tour homme, acteur et personnage ce qui , compte tenu du nombre des intervenants, parachève à semer au mieux le trouble, au pire la confusion, même si Shakespeare propose, dans quasiment chacun de ses opus, des déclinaisons récurrentes de la métaphore entre la vie et le théâtre. En tout état de une artificialité qui ressortit davantage de la formation au jeu de l'acteur qu'à la représentation théâtrale.
Cela étant, si on fait abstraction de ce désappointement, il demeure un spectacle haut en couleurs, gags, anachronismes, pantomimes, acrobaties et musiques percussives.
Dans un espace scénique baroque et esthétisant, scénographié par Jurate Paulekaite, qui s'ouvre sur un bas relief de catacombes puis cédera la place à un décor entre tréteau de saltimbanques et atelier de costumes, la mise en scène foisonnante et virevoltante entraîne les acteurs à déployer une ardeur frénétique qui, conjuguée à un sur-jeu sans doute libérateur pour ce qui les concerne, puisqu'ils semblent tous parfaitement s'amuser comme des petits fous, n'est pas dépourvue d'intérêt. Cela étant, le spectacle dure plus de trois heures. |