Spectacle écrit par Sophie Artur et Marie Giral, mise en scène de Justine Heynemann, avec Sophie Artur.
Elle est mignonne Sophie Artur, entourée des souvenirs du passé, dans sa robe rouge à pois blanc, ses espadrilles à semelle compensée et le visage mutin derrière lequel il ne faut pas faire un grand effort pour deviner la petite fille aux joues rondes qu'on s'imagine vive et espiègle.
Avec "Je vous salue mamie", elle évoque l'histoire d'une petite fille qui, comme l'annonce l'introduction en voix off, a eu la chance de n'être - et de naître - ni africaine et excisée, ni musulmane et voilée, ni indienne vouée au bûcher, ni juive et tondue portant perruque. Elle n'était que née en France. Mais dans une famille catholique pratiquante.
Les deux cousines Sophie Artur et Marie Giral ont co-écrit ce monologue narratif, aux résonances fortement autobiographiques, pour parler d'une enfance dans les années 60, d'une époque sans doute révolue aujourd'hui, dans un milieu ultra conservateur et catholique intégriste, régenté par une figure matriarcale despotique, celle de la grand mère, où la vie était totalement inféodée aux préceptes judéo-chrétiens dans une acception particulièrement drastique pour l'épanouissement personnel.
Comme dans la vie, il y a des rires et des larmes et Sophie Artur, joliment mise en scène par Justine Heynemann, avec qui elle avait déjà travaillé en 2006 au Théâtre 13 dans "Les cuisinières", où elle campait une sémillante et gironde gouvernante vénitienne, tient bon la barre pour naviguer entre les récifs de l'émotion et de l'humour sans jamais céder au cabotinage ou aux facilités du one woman show.
Après l'avoir vue, au début 2007, dans une désopilante et satirique composition de l'attachée de presse dans "Journalistes" de Pierre Notte au Théâtre Tristan Bernard, elle use ici d'une palette nuancée d'émotions qu'elle sait faire partager, avec sobriété et sincérité, au public. |