Persépolis est un premier film très réussi, et qui a sa BO. Le compositeur s’appelle Olivier Bernet, et c’est la première fois qu’il se voit confié la musique d’un long métrage.
Malgré tout, il n’était pas complètement novice en la matière : ce jeune autodidacte avait déjà travaillé sur des court-métrages, en particulier des court-métrages d’animation, produits par Les Requins Marteaux, qui sont des éditeurs de B.D !
Bernet est ami de longue date avec Vincent Paronnaud qui est coréalisateur du film. Ils ont même fait sept albums sortis chez Shunatao, un tout petit label basque.
Le parcours atypique du compositeur se ressent : il a évité de tomber dans la "world music", on est donc entraîné dans un voyage surprenant où le mélange des styles fait loi. Souvenez-vous de la scène où Marjane achète une cassette d’Iran… pardon d’Iron Maiden, et qu’ensuite, elle l’écoute en secret dans sa chambre. Et bien, distraits par l’image, on aurait juré entendre hurler Bruce Dickinson, mais vu les droits que demandait le groupe pour quelques secondes de diffusion, Bernet s’est attelé à fabriquer quelque chose de ressemblant.
Il en est de même pour le concert de punk à Vienne, la musique évoque l’époque des années 80 sans en être véritablement. Bernet a travaillé avec quelques cordes (violons, violoncelle), quelques nappes synthétiques pour essayer d’en faire sortir un son symphonique, quelques instruments traditionnels iraniens (percussions et le tar, instrument mis à l’honneur dans le très beau Poulet aux prunes de Satrapi).
Quelques dialogues ont été intégrés entre les morceaux, en particulier, la tirade savoureuse de la grand-mère : […] "dans la vie, tu rencontreras beaucoup de cons"[…].
Malgré tout, cette BO ne s’avère pas indispensable, contrairement au film. Sa principale faiblesse est de perdre sa consistance lorsque qu’elle ne se pose plus en support narratif. Sans la présence de l’image, on ne retrouve ni l’humour, ni la force dramatique du récit de Satrapi, (il faut attendre l’avant-dernière piste : "Adieu", pour se sentir un peu ému, et la mythique version de "The Eye of the Tiger", chantée ultra faux par Chiara Mastroianni dans le film n’est plus qu’une version quelconque dans le disque).
Pas de thème reconnaissable à la "Jaws" ou "Indiana Jones", les dialogues n’ont pas la puissance des Tarantino. Mais remettons les pieds sur terre, on n’est pas dans le domaine mégalo Hollywoodien : cette B.O est un premier essai en demi-teinte, fruit d’une collaboration entre vieux copains, et surtout artistes doués.
Il faudra juste retenir de Persépolis l’intensité de son histoire et du dessin de Satrapi, en reconnaissant que la musique les souligne timidement, mais honnêtement. Tout le monde ne s’appelle pas Ennio Morricone ! |