1995 : Pavement sort son troisième album, intitulé Wowee Zowee d’après une chanson de Zappa.
Malkmus écrit à l’époque qu’on peut babiller "wowee zowie", défoncé devant sa télé à 4 heures du matin, en tombant sur un fascinant reportage animalier. Ou quelque chose comme ça.
L’herbe est donc une des sources d’explication de ce disque, que les critiques qualifient à sa sortie de "kaléidoscopique", "éclectique", "bordélique". L’avantage, c’est que les mêmes adjectifs peuvent être utilisés par ceux à qui l’album plaît et les autres.
En dépit de son côté "montagnes russes", cette collection de chansons n’en est pas moins un album, dans le sens : ensemble dont le sens n’est parfaitement cohérent que s’il est pris dans son intégralité. Au fond, cette "explosion" dans tous les sens du terme reflète ce qu’était Pavement : un groupe éclaté aux quatre coins des États-Unis, qui laissait reposer ses retrouvailles sur la chimie du moment.
Cet esprit pourrait hâtivement être pris pour de la fainéantise. C’est en partie le cas, on ne va pas se mentir, mais pour moi, qui ai commencé à écrire des chansons à peu près à cette époque-là, c’est une véritable école.
Pavement s’était nourri d’un mélange entre mentalité punk-lettrée (Sonic Youth) et virtuosité (R.E.M.) ; ma génération a grandi avec la notion pavementienne qu’on n’était pas obligé de tout maîtriser, que le danger pouvait être un atout, que de l’inattendu naissait parfois le sublime.
Reprendre ou refaire Wowee Zowee ?
L'idée est avant tout ludique, mais elle est aussi politique, bien sûr... Nous avons choisi cet album pour ce qu'il représente : un style musical (la musique indépendante, devenue musique dépendante), une manière de faire (le débraillé-recherché), un contexte. C'est une revendication de nos bases.
Je repense au Psycho de Gus van Sant, et je crois qu’on veut dire la même chose avec ce projet : cette œuvre, on l’aime tellement qu’on veut, non pas la reprendre, mais la refaire. À l’identique, ou en tout cas le plus proche possible avec ce qu’on est, avec notre filtre.
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