Vingt ans après la sortie de Charlatan qui permit au public de le découvrir, Arnaud Charles Ernest Hintjens sort sa quinzième galette, albums live et studio confondus.
A l'occasion de cet anniversaire, Arno nous offre Covers Cocktail et ses vingt reprises impeccables. La sortie d'un album de ce type peut dans certains cas illustrer une baisse de régime voire une inspiration en berne.
Que nenni avec le sieur Hintjens qui a toujours pris un malin plaisir à collaborer à des albums hommages ou glisser dans ses propres disques des chansons d'autres artistes.
Covers Cocktail compile ses petites pépites, du classique "Trouble in mind" sorti en 1988 sur Charlatan et repris en son temps par Janis Joplin et Nina Simone à l'inédit "I want to break free" de Queen version 2008. Arno a ce don de s'approprier les chansons des autres, de les destructurer et de les façonner à sa manière.
L'ensemble sonne comme un véritable album d'Arno oscillant comme souvent entre le français et l'anglais, reprenant des grands noms de la chanson (Gainsbourg, Moustaki, Annegarn, Brel...) et des figures du rock anglo-saxon (Beatles, Stones, Captain Beefheart...).
Au menu, une version (d)étonnante de "Drive my car" des Beatles, l'ovni "Knowing me, knowing you" d'Abba ou "Jean Baltzaarrr" bootleg avant l'heure de "La fille du Père Noël" de Dutronc et "Jean Genie" de Bowie. Arno joue également sur les humeurs : léger avec "Ubu" de Dick Annegarn et "Mirza" de Nino Ferrer, tendre avec Jane Birkin pour la douce "Elisa" ou mélancolique avec le délicat "Voir un ami pleurer" de Brel.
L'idée de compiler ces reprises semées ça et là depuis vingt ans est excellente. On regrettera peut-être quelques oublis comme le guinchant "Les filles du bord de mer" que l'on retrouve sur Idiot Savant sorti en 1993 ou la version de "Comme à Ostende" de Léo Ferré découverte sur l'album A la Française. On se permet d'autant plus de faire la fine bouche que les vingt titres proposés sont excellents.
Bien qu'étant une compilation de reprises, cet album n'en demeure pas moins très personnel, vu la facilité d'Arno à s'approprier ces titres. Covers Cocktail est d'ores et déjà une pièce incontournable de sa discographie.
Qu'on se le dise, le Monument du rock'n roll francophone est certes Belge mais ne s'appelle pas Jean-Philippe... |