Avec son nom bretonnant à souhait et son titre d'album qui pourrait être celui d'une compilation spéciale fest noz, on l'attend au tournant cet Arnaud Le Gouëfflec.
Pourtant, A Dreuze est bien loin d'une ôde breizhou de plus. Car en fait, s'il est bien brestois, Le Gouëfflec friche davantage avec la chanson française et le rock, un rien 60's, tendance yéyé ("Poupée"), qu'avec le folklore. Et le mélange, avec un brin de surréalisme et d'humour donne un album plutôt sympathique et atypique.
Atypique, Le Gouefflec semble l'être lui aussi. Écrivain tout autant qu'auteur compositeur et interprète, il a déjà à son actif plusieurs romans et scenarii de bandes dessinées. Les histoires les plus folles n'ont pas de secret pour lui et c'est avec son non moins farfelu Orchestre Préhistorique qu'il sort donc ce recueil chanté plein de ses élucubrations et de ses histoires un peu étranges.
Le paysage musical est aussi varié que le sont les textes. Parfois pop et propre, parfois totalement délirant, voire psychédélique frôlant l'agacement.
Ainsi, "J'ai abusé du vol astral", tubesque et dense tout au long de ses 8 minutes côtoie l'insupportable "Les Enseignements de Ramakrishna", marrant quelques minutes mais terriblement pesant sur les 12 minutes du morceau.
Les meilleurs moments restent les plus pop entre "Poupée", duo charmeur aux lignes claires et au texte drôle et plus aéré et "Poupées russes" (une fixation ?) qui font fortement penser aux Objets ou encore à Oui-oui, excellent groupe pop français en son temps qui savait également manier le verbe et la musique avec délicatesse et une pointe de surréalisme.
"A Dreuze", chanson d'amour contrariée qui donne son titre à l'album fait partie des chansons les plus réussies du disque (une bonne moitié quand même) a néanmoins un air de déjà vu. Et il ne faut pas chercher bien longtemps pour retrouver l'air familier de "A bird on a wire" de Léonard Cohen. Hommage, plagiat ou coïncidence, quoiqu' il en soit ce titre, moins bling bling que les autres, ne perd rien de son charme.
Au final ce disque souffre autant qu'il profite de son originalité. Les textes drôles et surréalistes sont parfois pesants, la musique ludique et inventive peut devenir agaçante et lourde.
Le Gouefflec attise néanmoins la curiosité et donne envie de s'intéresser au reste de son œuvre, et de faire connaissance avec l'Orchestre Préhistorique sur scène. Il se passe tout de même de curieux phénomènes en Bretagne... |