Spectacle écrit et mis en scène par François Morel, avec François Morel et Olivier Saladin.
Sous ses solides allures terriennes, François Morel est un doux poète humaniste, chantre de l'altérité, les pieds plantés dans le terroir et la tête dans les nuages.
Il aime son prochain, son semblable, et puise dans la réalité quotidienne, banale et ordinaire, qui confine parfois à la beaufitude, des trésors de tendresse et d'humour.
Avec "Bien des choses"; il explore la littérature cartepostalière qui, hantise ou exutoire du vacancier, recèle des perles sur des petites cartes que s'échangent les Rouchon et les Brochon, soigneusement conservées dans des boites à gâteaux ou à sucre. Ca, ça ne s'invente pas. C'est du vrai, du concret, de la madeleine proustienne du quidam parfois un peu bas du front, des chroniques de la vie ordinaire avec ce qu'elles comportent de cocasserie, d'émotion et de philosophie.
Somme toute bien des choses que François Morel reprend à son compte sous forme de vignettes, des brèves du stylo qui vont du drolatique au pathétique, qui, mine de rien, sous les bises du Caire, abordent les thèmes essentiels qui agitent l'âme humaine parfois sans qu'elle le sache.
Sur scène, François Morel affectionne le jeu en duo comme on l'a vu récemment, en ce même lieu, avec Reinhardt Wagner dans "Collection particulière" ou avec Jacques Gamblin dans des "Diablogues" d'anthologie. Pour "Bien des choses", il renouvelle le duo de clowns, l'auguste et le clown blanc, et a fait appel à son compère et complice du temps des Deschiens, Olivier Saladin.
Le couple fonctionne en totale synergie avec une partition qui se prête au numéro d'acteur. François Morel est un désopilant clown blanc, étriqué et totalement dépassé par son factotum. Complètement débridé, Olivier Saladin, en ahuri lunaire, se taillant parfois la part du lion, est génialissime au point d'émerveiller son vis-à-vis qui en reste bouche bée, les yeux en quinquets incrédules.
C'est drôle, moqueur, quelquefois caustique, satirique mais jamais méchant. La réalité est plus féroce que la fiction. |