Comédie dramatique de Frédéric Bance, mise en scène de Philippe Seurin, avec Thierry Garet et Guy Delamarche.
Dans une ville d’un autre temps, dans une société de la surveillance, dans la chaleur de la nuit qui est peut être tombée sur l’humanité, deux hommes, deux égarés, peut être un vagabond christique et un seul au monde, se rencontrent dans un no man’s land, sur un pont.
Deux hommes "Sur un pont", comme deux rescapés, deux figures qui aspirent à la liberté et à cette insondable "fraîcheur", font l'apprentissage toujours renouvelé et inassouvi, merveilleux et énigmatique de l'altérité fondatrice.
L’auteur, Frédéric Bance, philosophe de formation, prône l'humanisme comme ultime rempart aux dérives sociétales et cite Nietzsche qui a écrit “Ce qui est grand en l'homme, c'est qu'il est un pont et non une fin : ce qu'on peut aimer en l'homme, c'est qu'il est un passage et un déclin.”
Dans son texte, à la fois dense, complexe et limpide, qui sous tend un propos existentiel, et par le choix des personnages de marginaux au sens d'hommes en rupture, la sublimation du vivant, dans lequel le spirituel et le charnel sont indissolublement liés, et la souffrance de la condition humaine, qui peut connaître la rédemption, évoquent la théologie du corps et le lyrisme pasoliniens tels qu'ils ressortent notamment dans "Théorème".
Dans la mise en scène de Philippe Seurin, qui ancre le texte dans la réalité tangible avec juste ce qu'il faut de réalisme, les deux comédiens réussissent une belle prestation en donnant une vraie corporéité à leurs personnages.
Guy Delamarche, citoyen modèle saisi par une quête dont il ne mesure pas totalement l'ampleur et la signification, est attachant dans sa stratégie compassionnelle et Thierry Garet maîtrise avec force un personnage ambigu et polymorphe, trublion trivial ou "visiteur" énigmatique, qui irradie d'énergie. |