Situé dans la Halle aux Farines des Grands Moulins de Paris sur l'esplanade de l’Université Paris 7 - Denis Diderot, le centre d’art et de recherche pluridisciplinaire Bétonsalon, ouvert en 2007 et conçu comme un lieu d'échanges et d'expérimentations, a également été conçu comme un lieu d'exposition.
Il reçoit actuellement le projet "Argument de la diagonale" qui s'intéresse aux itinérances de l'esprit et plus précisément "aux méthodologies qui bifurquent, aux stratégies obliques et autres analogies vertigineuses".
Les deux commissaires, Isabelle Le Normand, curateur à Mains d'Ouvres, responsable des arts visuels, et Florence Ostende, étudiante du Curating program du Royal College of Arts à Londres, en révèlent ainsi le mode d'emploi : "Pour comprendre ce projet, il vous suffira d’imaginer une petite danse en pas de crabe, un jardin aux sentiers qui bifurquent ou les principes fondamentaux de la théorie des graphes."
En d'autres termes, pour s'interroger sur l'existence d'une loi universelle qui régirait le cheminement de la pensée humaine, elles se sont penchées sur les oeuvres d'artistes contemporains, mêlant noms connus et jeunes talents émergents, qui de manière intuitive, empirique ou délibérée illustrent ce postulat. Postulat qui en l'occurrence repose sur une théorie mathématique érigée en méthode de modélisation.
Sac de noeuds et pas de crabe
Dans ce vaste espace brut de décoffrage, "Argument de la diagonale" présente 11 oeuvres, propositions ou projets à découvrir, redécouvrir et méditer dont les "Studio Wall Drawing" de Keith Tyson, l'inventeur de l'Artmachine, méthode qui génère des propositions artistiques aléatoires à partir d'un thésaurus documentaire.
Le "projet de conservation des pages du dictionnaire" de Gilles Barbier cotoie une belle sélection des "Héliographies" de Leon Ferrari, "Lion d’Or" du meilleur artiste à la 52ème Biennale de Venise.
A voir également l'installation vidéo "Click here" de Claude Closky sur le phénomène des "pop-up" informatiques et "La petite histoire de l'urbanisme" du collectif protéiforme Bad Beuys Entertainment dont le graphe retrace leur vision de l'histoire de l'architecture à partir d'un diaporama d'images qui établissent des corrélations analogiques.
Totalement indispensables, les deux vidéos de Eric Duyckaerts, juriste, philosophe, vidéaste, performeur, conférencier illuminé, entre Pierre-Gilles de Gennes et Monsieur Manatane.
Dans "Analogie", il part de la Terre et d'une boule de glace à la vanille et de l'étymologie du mot pour en arriver à débaptiser "Anabase" de Xénophon. Par ailleurs, dans "Entrelacs" il révèle le point commun entre Lacan, les entrelacs celtes et les tatouages des motards. C'est le noeud borroméen illustré par son "Anneau de Soury".
Egalement à l'affiche le Collectif 1.0.3, Julien Prévieux, Mürüvvet Türkyılmaz, Michael Snow et Alexandra Grant.
Et n'oubliez pas de feuilleter le journal fourni gracieusement qui contient le kit d'épanouissement de l'exposition. |