Retour à la musique avec ce ni vus ni connus estival. Du folk, du rock, et même du gros rock au programme avec un peu de pop pour faire tomber les filles au camping !
Ian Kent & The Immigrants Trick bag (Mosaic, avril 2008)
Ian Kent est un musicien folk américain qui, comme tous ses pareils, s'adjoint un nom de groupe en guise de particule. En l'occurence, il s'agit de The Immigrants, groupe parisien, Kent ayant posé ses valises dans la capitale, il y a quelques années déjà.
Dans une certaine tradition country folk, la musique de Kent aura bien du mal à toucher une cible plus large. Pourtant, certains titres, plus glamour notamment au niveau de la voix, pourraient réussir l'exploit d'un Chris Isaak ("Bad Dreams") tout comme "Tijuana" aurait pu conquérir les amoureux de Calexico si seulement les arrangements étaient moins connotés country.
Un disque qui en fait trop, presque caricatural, à réserver aux fans du genre et aux bandes son des bars de la Route 66 et on le regrette un peu car il y a quand même de jolis appels du pied tout au long de ce Trick Bag, à écouter d’une oreille avertie donc.
K6 La marche des parallèles (6teamprod / Anticraft, mai 2008)
Des guitares au son métal, des textes qui se veulent révoltés et rebelles, une scansion hachée pour donner plus de poids aux mots. Je ne vais pourtant pas vous parler de Rage against The Machine, des Deftones ni même de No one Is innocent mais de K6. Passons sur le nom pas piqué des hannetons et entrons dans le vif du sujet.
Un peu monotone, pas toujours très bien ficelé, le rock dur teinté ça et là de quelques tentatives d'illustrations sonores (bruits de fond, ambiance arabisante) de La marche des parallèles n'arrive pas à être vraiment convaincant malgré de bons mais courts moments, l'espace d'un refrain sur "Amen" ou "Ensemble" par exemple, sur lequel on trouve la puissance d'un Cantat et l'énergie de No one Is innocent.
De bons moments mais pas vraiment suffisant pour faire un bon album. Reste donc ces quelques titres à sauver sur une compilation altermondialiste. Tu sais ce qu'il te dit le K6 ?
Lugo La Grève du sol (L'Armada, mai 2008)
Lugo avec son album La grève du sol fait dans la chanson française. Un peu pop, un peu variété, un peu de rock, mais rien d'inoubliable dans ses textes qui nous passent un peu rapidement d'une oreille à l'autre, ni dans sa voix trop lisse pour accrocher suffisamment notre attention.
"Qui je suis" nous rappellera, nostalgiques, quelques bons moments passés en compagnie des Objets, sans plus.
Lugo sera au Francofolie de la Rochelle, l’occasion de le découvrir sur scène où parait-il, il fait des miracles. La Grève du Sol reste quand même destinée à un public chanson française à textes légers et amusants (mais pas mal écrits pour autant, si on s’en tient à ce registre).
La Phaze Miracle (Because music, mai 2008)
Après Fin de cycle qui avait permis à La Phaze de prendre ses marques et de se faire remarquer sur scène, voici donc Miracle, deuxième album du groupe mené par David Baluteau.
Et de miracle il n’y en a pas vraiment. Si vous avez aimé le précédent essai du groupe, vous apprécierez également celui-ci. Et inversement.
Toujours autant d’énergie, de guitare et de hip hop. Toujours autant de revendications et de grands discours comme sur "La cause" (comprendre la leur, celle des artistes) : "Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois, aux commandes des majors les sourds font la loi".
De bonnes intentions dans l’ensemble. Tous les peuples sont frères et les riches sont des méchants, mais trop d'agressivité dans le chant et dans la musique pour passer le cap du discours fédérateur. On a beau partager les idées, on ne partage pas forcément la manière de le dire et il est difficile de se détacher de ce sentiment de haine et de violence qui semble plané sur cet album.
Des punks modernes qui auraient passé trop de temps chez les scouts, dommage.
Il reste quand même quelques morceaux tout en puissance qui, quand la scansion rappeuse se tait, offrent de bons moments de fusion rock electro qui tapent là où il faut pour enfoncer le clou. Reste quand même qu’à trop taper dessus dans tous les sens, il finira tordu et enfoncé qu’à moitié.
La Phaze est avant tout un groupe de scène, avec sa puissance et sa gouaille, c’est là qu’il faut les découvrir. |