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Interview  (Paris)  juillet 2008

Yann Reuzeau, fondateur co-directeur de la Manufacture des Abbesses avec Sophie Vonlanthen, y présente sa dernière création en date, "Monsieur le Président", sa troisième pièce qui, après "Les sectes" et "Les débutantes", marque ses débuts d'auteur dans le registre de la comédie.

Nous l'avons donc rencontré à l'occasion de cette actualité théâtrale pour faire un tour d'horizon de ses activités de comédien, auteur et metteur en scène et de jeune directeur de théâtre.

Vous êtes auteur, comédien et metteur en scène. Comment êtes-vous venu au théâtre ?

Yann Reuzeau : Par l’écriture. J’ai commencé à écrire à l’âge de 15-16 ans et j’ai également suivi des cours de théâtre à la sortie du lycée avec Thomas Le Douarec qui donnait des cours dans le quartier où j’habitais à l’époque. Et puis j’ai commencé très vite à travailler car il m’a engagé dans trois pièces qu’il a montées. Et puis je suis devenu son assistant.

Vous êtes à l’affiche de la Manufacture des Abbesses dont vous êtes un des co-fondateurs et co-directeurs avec Monsieur le président qui n’est pas votre première pièce. Il s’agit d’une comédie alors que les précédentes étaient des comédies dramatiques. Quel est votre registre de prédilection ?

Yann Reuzeau : Je suis essentiellement intéressé par les sujets de société et ceux que je ne connais pas, qui m’intriguent et que j’explore par le biais de l’écriture après avoir fait des recherches documentaires. C’est ce qui me porte et me pousse à écrire. Ainsi j’ai effectivement écrit une pièce sur les sectes et une qui traitait de la prostitution sur internet. "Monsieur le Président" est une pièce un peu particulière puisqu’il s’agit d’une vraie comédie qui comporte certes un fonds mais qui est moins grave et qui constitue un peu une parenthèse. La pièce "Les débutantes" était un drame assez violent dont la première partie était légère et marchait très bien, presque trop bien, au plan de l’humour, ce qui m’a surpris et m’a donc incité à essayer la comédie. C’était un défi personnel pour moi car il ne me paraissait pas évident d’écrire une comédie.

Vous évoquiez "Monsieur le Président". Quelle est la genèse de cette pièce ?

Yann Reuzeau : Le thématique du pouvoir m’intéresse beaucoup. Pour diriger un pays il faut être mu par une ambition démesurée et y accéder implique d’y consacrer sa vie. L’idée de départ est de dépeindre un homme qui a donc consacré sa vie à la course au pouvoir et qui, une fois parvenu, se rend compte que la fonction ne lui convient pas et se demande même ce qui l’a poussé à faire ce qu’il a fait. Ce qui est un peu le comble du président. Cela m’amusait et c’est à partir de cet anachronisme que s’est écrite la pièce. J’aime cette idée de voir des bêtes de concours, des tueurs qui arrivent à convaincre les gens de le porter au pouvoir et qui, une fois au pouvoir, sont complètement égarés et ne savent plus que faire

Vous avez également assuré la mise en scène de cette pièce.

Yann Reuzeau : Pour moi l’écriture et la mise en scène sont liées. Donc je tiens à mettre en scène mes pièces et je ne vois pas quelqu’un d’autre les monter. En revanche, je ne me sens pas à l’aise avec la mise en scène des textes qui ne sont pas les miens. Ainsi pour la pièce "Femmes de Manhattan" qui était un projet de Sophie Vonlanthen, elle m’avait proposé de faire la mise en scène mais j’y ai renoncé. Et c’est Mitch Hooper qui a fait un extraordinaire travail de mise en scène que je n’aurai pas su faire.

"Monsieur le Président" est une comédie qui est servie par des comédiens qui assurent vraiment leur partition. Comment avez-vous composé votre distribution ?

Yann Reuzeau : La difficulté est qu’il s’agit d’une comédie mais d’une comédie sérieuse et pas d’une caricature, ni une pièce de boulevard. Les personnages sont de vrais caractères qui vivent les événements de façon réelle et profonde. C’est davantage du comique de situation que du comique de blagues. Ainsi le ministre qui annule la dette des pays pauvre sans le faire exprès en est bouleversé. Cela va même changer sa vie. Il fallait donc de vrais bons acteurs qui avaient, en plus, le sens de la comédie un peu décalée. J’ai retenu trois acteurs que je connaissais déjà et qui convenaient à ce que je cherchais donc il n’y avait pas de raison de ne pas leur proposer le rôle et deux autres que j’ai choisi sur audition.

Ecriture, mise en scène, et Yann Reuzeau comédien ?

Yann Reuzeau : Depuis l’ouverture de la Manufacture des Abbesses, il est vrai que si j’ai écris je n’ai pas joué, ou de petites choses dans des lectures ou en tournée. Mais là je commence à avoir envie de m’y remettre et j’ai un projet avec Leila Moguez qui nous rejoint dans l’équipe de direction.

Justement venons à votre investissement dans la création de ce nouveau lieu.

Yann Reuzeau : L’idée vient de Sophie qui m’en avait parlé dès que nous nous sommes rencontrés. J’étais moyennement chaud car je me voyais mal me lancer dans cette aventure. En suite, nous avons produit des spectacles ensemble et nous nous sommes trouvés confrontés à des conflits de pouvoir pour des pièces que nous avons initiées, dans lesquelles nous nous étions grandement investis et nous nous sommes retrouvés dépossédés de notre travail. Ce qui a constitué une expérience très dure. D’autres fois nous avons vu nos projets refusés et primés par des spectacles qui, quand nous les avons vu, les bras nous en tombaient.

Expériences qui m’ont incité à revoir ma position Sophie a fini par me convaincre de la nécessité d’ouvrir un lieu pour pouvoir monter nos propres projets. Et c’est la démarche de tous ceux qui ouvrent leur propre lieu. Mais il ne faut pas se limiter à cet aspect là. Nous voulions également créer ce lieu et lui donner une identité qui reposait sur des envies partagées qui reposent sur le théâtre contemporain en proposer essentiellement des créations. Nous avons tenu ce cap puisque sur les 20 pièces que nous avons programmées 18 sont des créations. Ce qui est un vrai bonheur pour nous.

La création de ce lieu est donc une belle aventure. Quels sont, rétrospectivement, vos bons et mauvais souvenirs ?

Yann Reuzeau : Une ouverture qui a pris du temps car elle a été précédé de la recherche du lieu pendant un an et d’un an et demi de travaux. La période de recherche était assez amusante car elle nous permettait de rêver, même si c’était frustrant, car nous ne trouvions pas ce que nous cherchions, mais la période des travaux a été un cauchemar sans fin car le lieu était en ruines et il a fallu tout refaire même les fondations. Heureusement la pièce d’ouverture qui était "Les débutantes" a bien marché ce qui nous a aidé mais la première année d’exploitation a été très dure car nous avons tout appris sur le tas et c’était un investissement qui absorbait tout notre temps. Le fait que maintenant le théâtre fonctionne bien et que nous ayons à la fois la reconnaissance du public et de la presse nous aide à surmonter les difficultés qui se présentent encore.

Comment avez-vous choisi ce lieu situé dans le 18ème arrondissement dans le quartier des Abbesses qui est très vivant et animé ?

Yann Reuzeau : C’était davantage le lieu que le quartier qui nous importait car nous partions du principe que nous ne voulions pas d’une salle de moins de 100 places car financièrement les petites salles ne sont pas rentables pour payer les gens qui y travaillent. Ensuite, il y avait les contraintes techniques à fois relatives aux normes de sécurité mais aussi aux nécessités pour loger le matériel technique. Donc nous allions voir tous les lieux et il est vrai que d’avoir trouvé celui-ci dans ce quartier relève d’un petit miracle. Car non seulement il permettait de créer une vraie salle de théâtre mais était situé dans un quartier extraordinaire où les gens prennent plaisir à sortir et à venir.

Comment êtes-vous parvenu à concilier ce projet avec vos projets personnels d’écriture notamment ?

Yann Reuzeau : La gestion de ce lieu, du ménage à la programmation, prend énormément de temps et il est évident que cela a des répercussions sur mon travail d’écriture. "Monsieur le Président" est une pièce que j’ai écrite relativement facilement et relativement vite parce qu’il s’agit d’une comédie qui ne nécessitait pas de grandes investigations mais , par exemple, je n’aurai pas pu écrire "Les débutantes" pendant la première année d’exploitation. Le projet d’écriture que j’ai en cours depuis un an souffre un peu du manque de disponibilité. A la limite, lancer un projet, faire une mise ne scène, sont des choses plus faciles à gérer car il y a des échéances, des dead-lines, qui obligent à la concrétisation. Alors que l’écriture peut être repoussée à plus tard.

Aujourd’hui, vous sortez peut-être un peu la tête hors de l’eau.

Yann Reuzeau : Oui, mais il faut savoir qu’avec une salle de cette taille, une moyenne salle ou une grosse petite salle qui marche, nous n’avons pas une grande marge de manœuvre financièrement. Nous sommes condamnés au succès d’une certaine manière. Cette saison nous avons eu des pièces qui ont bien marché comme "Pourquoi j’ai mangé mon père ?", "Le secret du temps plié" et "Femmes de Manhattan" ce qui nous a permis de boucler le budget. Mais nous avons peu d’avance et nous sommes bien conscients du fait que tout est fragile et peut s’arrêter. Chaque spectacle est un challenge même si nous savons que sur certains spectacles nous prenons plus de risques.

Au niveau de la programmation êtes-vous, là aussi rétrospectivement, satisfait des choix que vous avez fait ?

Yann Reuzeau : Oui, tout à fait. Et la chance que nous avons est de recevoir énormément de propositions. Nous recevons des centaines de projets au point où nous nous nous demandons d’où sortent tous ces gens et comment font-ils pour exister tous en même temps. Nos choix sont toujours des coups de cœur mais c’est toujours un défi. Et nous sommes contents et fiers de voir les spectacles qui marchent bien. Et ceux qui sont des spectacles plus difficiles, nous sommes également contents de leur avoir donné leur chance.

L’intégration dans le monde des directeurs de théâtre s’est bien passée ?

Yann Reuzeau : Oui très bien. Nous avons ainsi de très bonnes relations avec le directeur technique du Théâtre de la Ville qui est notre voisin. Nous n’avons pas de relations directes avec les directeurs de salle.

Certains vous ont-il contacté pour vous proposer des spectacles qu’ils trouvent intéressants lais qui ne correspondent pas à leur programmation ?

Yann Reuzeau : Non, c’est l’inverse. Ils viennent plutôt piocher dans la notre. Par exemple Gauthier Fourcade mais nous ne pouvions pas le prolonger car nous avions déjà une autre programmation prévue. Mais nous nous sommes battus pour garder "Pourquoi j’ai mangé mon père ?". Mais tant mieux si les spectacles peuvent migrer vers de salles plus grandes.

Et sur le plan des compagnies qui vous contactent avez-vous un grand panel ?

Yann Reuzeau : Oui et parfois avec des gens réputés comme Jean-Marie Besset qui nous a proposé Thomas Chagrin. Des gens connus nous proposent des projets un peu plus fragiles mais les têtes d’affiche ont un peu de réticence à se produire hors des grandes salles.

Finissons sur vos projets.

Yann Reuzeau : Pour le moment, Monsieur le Président vient de commencer donc cela constitue mon centre d’intérêt du moment même si artistiquement cette pièce est bouclée. Ensuite, j’ai donc un projet de comédien avec Leila, qui a été mon assistante sur mes deux dernières pièces, et qui est aussi comédienne depuis longtemps. Nous allons jouer ensemble une pièce américaine pour laquelle nous sommes en phase de négociations des droits. Il s’agit d’une vraie comédie car nous avons beaucoup travaillé sur des sujets sombres, moi avec "Les débutantes", elle avec "Mise au pas" une pièce que l’Allemagne nazie. C’est un projet pour la fin 2008 ou le début 2009. En ce qui concerne l’écriture, je vais relancer mon projet dont je vous parlais, deux pièces, une sur les SDF et l’autre sur les magnats de la finance, deux pièces parallèles qui ont la même structure et qui traite des deux extrêmes de la même pyramide. Un projet me tient vraiment à coeur.

 

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