Ballet d'après l'oeuvre de Igor Stravinsky, chrorégraphie de Heddy Maalem avec Rachelle Agbossou, Koffitsé Akakpo, Awoulath Alougbin, Serge Anagonou, Kehinde Awaiye, Alou Cissé, Dramane Diarra, Marie Diedhou, Agnès Dru, Amie Gomis, Simone Gomis, Hardo Papa Salif Ka, Shush Tenin et des images de Benoît Dervaux.
Le 29 mai 1913, Igor Stravinski a fait entrer "Le sacre du printemps" dans l’histoire de la musique. Le compositeur voulu y mettre en lumière un grand rite païen, celui des vieux sages qui sacrifient une jeune fille pour gagner les faveurs du dieu du printemps.
Dans son interprétation, Heddy Haalem reste fidèle aux grandes lignes du ballet original tout en y apportant une touche très personnelle. Il offre une interprétation de l’œuvre de Stravinski plus moderne et livre un tableau de l’Afrique d’aujourd’hui, encore très à cheval sur les rites et les traditions.
"Le sacre du printemps" se divise en deux tableaux. Le premier, met en lumière l’adoration de la terre. Les danseurs célèbrent le printemps par des mouvements rythmés et rapprochés mêlant danse contemporaine et africaine. C’est ensuite les jeux des cités rivales qui laissent place à l’adoration de la terre caractérisée par sa danse rituelle, avant de s’incliner devant le deuxième tableau. Comme alors le début d’une partie sombre contrastant avec les couleurs musicales chaudes et rythmées relevées par l’entrain des danseurs. Tout y parait plus lourd, les instants de fêtes ont disparu.
L’heure du sacrifice a sonnée, les adolescentes se regroupent en cercle mystérieux autour de l’élue, qui sera glorifiée avant d’être présentée en offrande. Dans un dernier souffle, les ancêtres sont évoqués sur la scène, juste avant la danse sacrale, une danse frénétique qui s’inscrit comme la touche finale de ce Sacre du Printemps.
Sur scène, les interprètes semblent habités, l’ensemble de leur corps jusqu’aux expressions de leur visage, mettent en scène le rite du sacrifice. Ils jouent sur les nuances et font ressortir la complexité de l’orchestration si particulière à Stravinski.
Pendant une heure, le spectateur, happé, ressent la moindre note de musique et le moindre mouvement chorégraphié comme sa dernière heure, il vit au plus près les émotions de cette jeune adolescente bientôt quittera le monde des vivants.
Beaucoup ont dansé ce qui est mort et ce qui renaît, Heddy Maalem a voulu ici dénoncer, comme Maurice Béjart, Pina Baysh, Angelin Preljocaj ou Emanuel Gat l’ont fait avant lui, le rite qui offre une vie dans la joie, une joie terrible et saisissante qui finalement ne laisse qu’une angoisse terrible du printemps. |