Swell n'aura jamais été réduit à sa plus simple expression. Même lorsqu'à la sortie de leur précédent disque, Whenever you're ready sorti il y a presque déjà 6 ans, le groupe annonçait un retour à sa formation originelle, à savoir David Freel et Sean Kirkpatrick, sans même le bassiste Monte Vallier, on était loin d'imaginer qu'il était possible que Swell ne soit pas au moins composé de ce noyau là.
Pourtant, lors de leur date parisienne de l'époque, seul David Freel était là, avec un groupe bien sûr mais sans Kirkpatrick. En fait, ce Whenever you're ready, à bien y regarder, avait un air de disque d'adieu.
De fait, depuis 5 ans, c'était le calme plat chez Swell à part quelques inédits en ventes directement sur leur site web.
Sean Kirkpatrick se consacre désormais à sa peinture qui illustra longtemps les pochettes du groupe, et David Freel vivote sans grande conviction jusqu'à ce qu'il décide de poursuivre l'aventure Swell mise entre parenthèses par ses fondateurs.
C'est donc seul, et entre parenthèses justement que Freel redonne vie à Swell devenu (Swell). Parenthèses qui en disent long, qui laissent la porte ouverte vers le Swell d'origine, parenthèses en attendant que les potes reprennent du service... peut-être.
En attendant, nous arrive donc, encore une fois grâce à Sean du label Talitres, ce South of the rain and snow, dépouillé mais sans jamais verser dans le minimalisme, ni dans le misérabilisme. Toujours aussi désabusé, mais pas forcément pessimiste, Freel arrive à donner une ambiance dans la lignée des précédents disques du groupe.
Pourtant de prime abord, on a du mal à reconnaitre la voix, plus légère qu'à l'accoutumée, peut-être parce que Freel (et nous avec) a vieilli, s'est apaisé, peut-être aussi pour mieux coller à cet allègement sonore. Allègement sonore qui, en premier lieu, frappe notamment par l'absence de la batterie de Kirkpatrick, qui fait cruellement défaut. Cette batterie aux rythmes si imprévisibles et atypiques qui apportait une force et une densité aux compositions incroyables. Du coup, le disque souffre de ce manque pour qui connait déjà bien Swell.
Pourtant, cette déception une fois assimilée, on découvre que (Swell) a de beaux restes. A commencer par le sens de la mélodie et du dramatique de David Freel dont le son de guitare est très caractéristique, tout comme sa voix trainarde et sensuelle.
On retrouve aussi les ambiances sonores entre les morceaux, voire pendant. Les quelques arrangements venus soutenir ces superbes chansons guitares/voix sont également très en place, petit clavier vintage sur "Save by summer", batterie "dans l'esprit de Kirkpatrick" sur "Tell us all", le plus Swell des titres de l'album.
En vérité, ce disque est une réussite, un Swell d'excellent cru même, qui nous ramène finalement au débuts des années 90, lorsque le groupe avait un son plus dépouillé, plus direct.
Monocéphale ou pas, Swell reste un groupe majeur et ce South of The rain and snow est bien plus qu'une parenthèse ou un retour frileux, c'est un grand et beau disque dont l'âme, superbe, se confond sûrement un peu quelque part avec celle de son créateur, vivant comme jamais, désespéré comme toujours.
... Well ? (Swell) ! |