S’il y avait un concert à ne pas rater, c’est bien celui
de Yo La Tengo dont la venue en France est exceptionnelle et
sans doute liée à la sortie de leur dernier album "Summer
Sun", le Nouveau Casino affichant d’ailleurs complet.
Dès l’ouverture des portes, en fond de salle, près du
stand merchandising, Ira Kaplan et Georgia Hubley sont déjà là,
souriants et décontractés. Nous échangeons quelques mots
avec cette dernière qui regrette ne pouvoir nous accorder une interview
en raison du timing serré du Nouveau Casino (la soirée disco ne
pouvant souffrir aucun retard !). Mais, tout espoir n’est pas perdu car
elle accepte de répondre par mail... À suivre.
Quelques minutes plus tard, la salle est comble de fans venus des quatre coins
de l’Europe pour la prestation scénique du groupe quasi-mythique
de Hoboken, USA, fondé en 1984, par Georgia Hubley (batterie/voix)
et Ira Kaplan (guitare/voix) auxquels s’est joint depuis
1992 James McNew (basse/voix) pour constituer un trio pluri-instrumental
de tout premier plan, groupe inclassable qui depuis vingt ans allie éclectisme,
talent et création musicale.
Début en douceur avec Ira Kaplan aux claviers qui retrouve bien vite
sa guitare aux sons discordants. Si un problème de jack l'interrompt,
tandis que le duo basse/ batterie garde le tempo et tient le public en haleine,
ce n'est que pour repartir de plus belle et faire grincer sa guitare d’une
manière singulière, jamais égalée et devenue légendaire
désormais.
Si Yo La Tengo nous propose quelques morceaux de Summer Sun comme le superbe
"Season of the Sharks" ou "Tiny Birds",
album qui tend davantage vers le post-rock, l’essentiel de leur set list
est composée de morceaux rock instrumentaux dans lesquels ils excellent.
De secousses en larsens, de pédales d'effets en pincements
de cordes, il nous embarque dans l'univers de Yo La Tengo. Yo La Tengo ne joue
pas des morceaux mais nous emmène bien dans leur univers, dans une sorte
d’opéra-jazz-rock composé de longues variations instrumentales
qui s'enchainent, ne laissant au public que quelques secondes pour esquisser
des applaudissements, alternant tension calme et explosion tonitruante, puissantes
et toujours mélodiques, les voix à peine audibles utilisées
comme un instrument supplémentaire et la guitare qui a toujours le dernier
mot. La guitare ... ou le clavier sur lequel Ira Kaplan se jette de tout son
poids tout en triturant le micro qui délivre une voix emplie de distorsions.
Poussant la ligne mélodique dans ses derniers retranchements avec une
batterie puissante, Georgia jouant en symbiose totale avec Ira, et une ligne
de basse remarquable, James gardant un oeil sur Ira, le trio s'offre aussi leluxe
de changer d'instrument au gré des compositions.
Friands de reprises, Yo La Tengo nous gratifie d’une étonnate
reprise, en version originale, du "Et moi et moi et moi" de Dutronc
tout à fait réussie, chantée par James Mc New, avec une
très légère pointe d’accent, qui fait sourire Ira
(sourire de détente de fin de concert ou d’amusement).

Lors du dernier rappel, la déception sera immense quand Ira Kaplan
annonce que les 6 autres morceaux prévus ne pourront être joués
(encore cette fameuse soirée disco). Néanmoins, deux belles chansons
acoustiques clôtureront leur performance, superbes duos, comme à
leur début, du couple Georgia/Ira, à la ville comme à la
scène.
Près de 2h30 de pur bonheur, trop rare encore... |