Le Temps de Dire Ouf est un album intéressant, agréable, et mâtiné de nombreux sentiments opposés.
A la première écoute, ce qui capte l’oreille, ce sont les mélodies parsemées, presque indépendantes les unes des autres, aléatoires. Ensuite arrivent les paroles : Staël devient de la chanson française, quoi qu’on en dise. Mais avec des particularités sonores distinguant ce projet des autres.
Puis les jours passent. Et l’envie de ré écouter l’album vient vous titiller. On pose à nouveau le disque sur la platine, et les oreilles sur cet album quelque peu lancinant. On entend un mélange de sonorités disparates, une forme d’avant-garde ni moderne ni académique, quelque chose d’un peu différent.
L’album se laisse alors deviner, baissant la garde : on peut se prendre à aimer les sons, certaines paroles, on se laisse tranquillement porter par cette patine sonore.
Les couples de voix masculins/féminins révèlent les principales intentions, l’échange des timbres et leurs entrelacs provoquent le sentiment amoureux, abordant ses utopies, ses envies, ses versants sombres. Non sans autodérision, Le Temps de Dire Ouf se révèle au fil des multiples écoutes, s’affranchissant des attentes communes.
Certes, on n’échappe pas à quelques banalités textuelles bien françaises, boites au lettres et autres futilités quotidiennes, mais ce qui reste, c’est le son : cette ambiance Nosferatu, ces états variables, désenchantés sans être désespérés, ces relents de Gainsbourg, ces accrocs à la Stéphane Eicher.
Cynique parfois, l’entité Staël a les yeux ouverts sur le monde et sur sa place à elle dans notre monde. Elle, ce sont elles : Héloïse, Anna, Magdalène. Les filles et leurs prénoms peuplent le paysage mélancolique de ce disque.
Staël, c’est un style : oui, sans doute. Original : non. Attachant : de manière surprenante, avec pudeur. Le Temps de Dire Ouf, le temps d’écouter, d’apprécier, d’y revenir. Sans remuer ciel et terre, Staël, c’est tout simplement bien. |