Rendre compte exhaustivement de quatre jours d'un festival réussi, plebiscité et avec une programmation tout à fait intéressante, serait ardu, long et pour tout dire très ennuyeux. Misons donc cette année sur une revue des Vieilles Charrues 2008 avec 11 couleurs pour 11 grands moments de ce magnifique week end musical.
Bleu ciel pour le point météo : ni trop chaud, ni trop froid, sans trop de soleil, un temps parfait pour un festival. Il n'y aura pas eu la pluie d'avant week end qui mouille le sol et transforme irrémédiablement le terrain en patinoire boueuse pour trois jours.. Parfait on vous dit.
Jaune, la couleur de l'étonnant Bob l'éponge, toujours présent dans les festivals et dont on réclame la libération à grands cris. Gad Elmaleh l'incluera même, surpris, dans sa série de sketches pas toujours très fins mais, comme pour Jamel l'an dernier, destinés à amuser une foule totalement hétéroclite et plutôt bon enfant. Jaune aussi la couleur foin des légendaires barbes de ZZ Top, amateurs de gros blues qui transpire le Texas, qui auront fait passer un bon moment aux plus de 40000 spectateurs du vendredi.
Rose, mignon, charmant, cette vision de douceur avec les deux petites chipies de Constance Verluca qui la rejoignent sur scène et décideront d'y rester pendant un long moment. Tellement pétillant que l'on oublie que cela n'empeche pas la maman de chanter ses titres acidulés, tee-shirt trash à gros accrocs sur le dos et sourire malicieux. Un vrai moment de détente et de sourire et une manière de se changer les idées au calme après l'insupportable Christophe Maé qui se croyait encore aux Francos.
Rainbow, l'arc en ciel devant le meilleur concert du samedi, la grande boum multi-tout proposée par The Go! Team, le mix inédit et irracontable entre les Jackson Five et Sonic Youth, entre Dionysos et les Gamins en Folie. Une heure de bonheur aux sons des deux batteurs, du guitariste armé d'un instrument ultra-customisé, de Ninja, MC de charme à l'avant scène pendant la plupart des chansons ou de Kaori, tantôt aux claviers, à la guitare ou encore au chant. Par rapport au concert carré et sérieux de Daho juste avant, c'est foutraque, ca part dans tous les sens mais avec une energie rayonnante. A ne pas manquer sur scène et à écouter d'urgence sur disque.
Noir et blanc, fidèles à leur look de vieux dandys 50's, les suèdois de The Hives ont mis le feu à la scène devant les 60000 spectateurs prêts à aller au bout de l'incroyable dimanche rempli comme un oeuf de bonnes surprises. Mimiques, acrobaties, sur une musique toujours péchue de punk pop, il y avait franchement de quoi s'amuser une heure et demi en suivant les courses folles de Pelle Almqvist ou les yeux exorbités de son guitariste.
Gris, un peu triste, le concert du Wedding Present arrive comme un cheveu sur la soupe suite à l'annulation des Wombats. Involontairement servi comme de la confiture à des ivrognes, chargé de faire attendre l'arrivée de Morcheeba, le père Gedge et sa bande ont eu fort affaire un dimanche soir pour asséner leur indie rock mythique aux rares fans et surtout à la tribu de saoulards enervés. L'impression d'être le seul à apprécier ce superbe concert gâche le plaisir et c'est dans ce genre de conditions que l'on constate bien que les grandes scènes des Vieilles Charrues ne sont vraiment pas faites pour de tels artistes plus pointus, moins démonstratifs tant le public n'est pas venu pour cela. Dommage, le concert était propre avec de nombreuses nouvelles chansons et l'incroyable Dalliance/Dare pour clore ce moment un peu gaché.
Noir, la fin d'un groupe. Pour leur dernier concert dans l'ouest à l'occasion de leur tournée d'adieu, et après un Zebramix déchainé mélangeant le bagad de Carhaix avec le hip hop de Oxmo Puccino ou la chanson divine de Florent Marchet, les 4 Matmatah semblaient avoir le coeur gros pour quitter un public qui les avait toujours suivis. Pas d'Apologie mais leur spectaculaire version d'Heroin en final et les plus grands succès de chaque disques en guise d'adieu. Bye bye Matmatah !
C'est avec un Rouge à lèvres très appuyé que Vanessa Paradis entre sur un plateau de Glenmor délicatement décoré. Amplis habillés, claviers à l'unisson, sobre mais très efficace. Et le concert le sera tout autant, avec la merveilleuse présence de Matthieu Chédid, tout en finesse et dont chaque envolée provoque une clameur rare dans le public. Chansons remaniées et mises à jour, sourires complices, cohésion parfaite entre les musiciens (dont Albin de la Simone magistral derrière ses instruments), surement un des grands moments de cette 17ème édition des Vieilles Charrues.
Mauve pour toutes les autres chanteuses écoutées sur ces 4 jours de concerts : Brisa Roché, pour la plus belle conférence de presse du week end et un concert merveilleux tout en complicité avec le public et bien loin de la froideur de celle avec qui on ne peut eviter de la comparer. Gossip avec une Beth Ditto en sueur dès le premier titre, sans cesse en mouvement, pour balancer ce chant soul et punk ou encore Olivia de The Do, assistée de Dan, inséparables, toute en mimiques et haranguant la foule sous la charme. Terminons enfin avec Morcheeba et la magnifique nouvelle chanteuse qui ne remplacera toujours pas Skye dans le coeurs des fans mais qui aura pour tous les autres fait passer un superbe moment au public pour fermer le festival.
Rouge sang, c'était la couleur des photographes quand, le samedi, ils se sont vu interdire toute photo d'Etienne Daho. D'abord prets à se lancer dans une fronde pacifiste à la "Adjani à Cannes" en posant leurs boitiers eteints devant l'artiste pendant sa conférence de presse, un groupe s'est tout de même dit que ce serait terriblement mieux de siffler Daho, et de le flasher à 30cm et en rafale pendant l'interview qu'il avait fini par accepter. Terrible leçon d'irrespect face à des consignes qui, si elles sont totalement contestables, ne méritent surement pas des huées sur l'artiste ou des articles critiquant ses albums alors que les mêmes publications le plébiscitait quelques mois auparavant.
Vert : tout va bien ! c'était l'impression des organisateurs qui lors de leur conférence de presse habituelle n'ont pas tari d'éloges sur leur bébé atteignant désormais 215000 spectateurs. Rappel de l'importance des bénévoles et de leurs conditions de travail (le 4ème jour ne serait pas forcément au goût de tous), explications sur la concurrence et les cachets étourdissants de quelques stars, quelques rêves (Cabrel en 2009 ?) et un bonheur de rester les meilleurs français. Même si l'exercice est toujours un grand moment d'auto congratulations, il faut bien dire qu'ils le méritent !
215000 spectateurs, plus de 80 concerts, de très grands moments, encore un festival difficile à oublier en attendant l'année prochaine.
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