Bien qu'elle soit originaire de Brooklyn, on a du mal à imaginer Alina Simone étouffer dans un environnement ultra urbain au milieu de zones industrielles et de blocs d'immeubles taillés au carré.
Au contraire, on l'imagine exilée aux portes du désert, distillant ses mélodies de sa voix d'écorchée vive et sa guitare sèche comme les herbes sous le soleil de plomb.
La folk, un rien country, de Alina Simone est en effet de cette trempe là, aussi sincère qu'arride, aussi directe que minimaliste. Cette fille tient autant de Cat Power l'urbaine américaine que de PJ Harvey la campagnarde anglaise.
Impossible, en effet, de ne pas comparer tant le registre est proche et c'est peut-être le plus gros repproche que l'on pourrait faire à Alina Simone que d'arriver une poignée d'années "trop tard" pour nous surprendre et nous charmer dès les premières mesures de ce Placelessness.
Pourtant, même avec son air de déjà vu, cet album séduit par sa sincérité en partie due à un dépouillement sonore extrême, rendant l'ecoute parfois si "intime" que l'on pourrait en être dérangé, relégué au rang de voyeur plus que d'auditeur, comme sur "Lonesome", complainte a capella superbe dont la montée vocale finale rappelle d'autres bons moments passés en compagnie de Brenda Khan.
Et pour en finir avec les comparaisons et avec la voix, certes, éraillée mais aux impressionnantes capacités, parlons aussi de Sinead O Connor évoquée l'espace de l'intro de "Riot act".
Et lorsque le ton monte et que les guitares s'électrifient, la tension est palpable et n'a rien à envier à un dry comme sur le dernier titre "Country of two" qui ouvre des portes vers un rock plus soutenu, bien que toujours basé sur la retenue et la tension.
Quoi qu'il en soit, ce Placelessness est un bel album, et s'il n'est pas surprenant, il n'en est pas moins touchant grâce à la superbe voix torturée et inventive de Alina Simone belle et sincère. |