On connaît bien Rufus Wainwright qui, en quelques années et cinq albums, a su imposer son style de jeune dandy lyrique, promenant ses doigts sur un clavier bien tempéré et bousculant avec détachement les frontières de la chanson pop. Après Release The Stars, il travaille à une comédie musicale sur Judy Garland.
Sa petite sœur Martha accompagnait déjà Rufus sur certains de ses concerts, déployant une voix aussi puissante qu’émouvante. Avec naturel, elle développe son univers personnel et présente cette année, son deuxième album : I know you are married but I have got fellings too. Titre plein d’ironie, c’est une habitude dans la famille de n’avoir pas sa langue dans sa poche.
La canadienne de 31 ans prend le temps de composer de belles ballades nourries d’émotions. A l’instar de Joanna Newson qu’elle aime citer, Martha Wainwright avec quelques accords, quelques cordes (de guitare), captive par l’intensité d’un chant qui nous revient plus maîtrisé que jamais : plus léger, plus nuancé que lors de son premier album. Sur des rythmes folks ou rocks, l’artiste soigne sa peur de la mort et du temps qui passe. S’attachant à être la plus honnête possible, au plus près de ce qu’elle est, cette authentique artiste de scène, pour qui chanter fait partie de la vie , peut être fière de ce magnifique album, qui est en passe, outre manche d’être disque de l’année.
Alors ne vous fiez pas trop à la pose alanguie sur le canapé, style poupée démantibulée, au photographe qui traque une ressemblance avec Marianne Faithfull, et allez-vous égarer sur les chemins de Martha Wainwright, à la forte personnalité.
Et maintenant, il faut surveiller si elle se produit en France. Pour l’heure, il paraît qu’elle prépare un spectacle de chansons d’Edith Piaf pour New York. |