Quatrième album du groupe belge Mud Flow, Ryonosuke fait suite à A Life On Standby. Ce titre est inspiré par le nouvelliste japonais Akugata Ryūnosuke qui était connu pour écrire des textes très noirs. La pochette est de toute beauté, représentant une sorte d’ile dans le ciel, sur laquelle se sont greffées toutes sortes de choses : des bras, une ville, des racines qui essayent de toucher le sol… Bref, on y retrouve l’esprit sobrement poétique et un peu lointain de Mud Flow.
Cet album présente quelques morceaux de pop rock aux qualités très différentes.
Le titre éponyme est un morceau flottant où la mélodie triste est finement mise en valeur par la voix de Vincent Liben, et soulignée par les textes lus en japonais par Satié Nagasawa.
L’influence de Pink Floyd semble assez évidente lorsqu’on écoute la plupart des morceaux ("My fair lady Audrey", "The number one play of the year"). Les musiciens de Mud flow s’affranchissent du temps et aiment faire des morceaux longs et hypnotiques. Il faut dire que Liben en a des choses à raconter : disparition de son père dans "The story was best left untold", mort d’une amie dans un accident de voiture dans "Shooting star", moments de doute entre deux enregistrements d’albums dans "Planes". Les maux de sa vie sont égrenés avec finesse et poésie tout au long des dix titres.
Cet album propose aussi des morceaux qui correspondent aux canons du pop-rock. "In time", chanson sur la crise de la trentaine est entrainante, "Trampoline" au riff sautillant et faisant vraiment penser à quelqu’un qui rebondit, est pleine d’entrain. Ces deux titres donnent envie d’être entendus en live. A noter que le côté expérimental est présent dans quasiment tous les titres de cet album. Par exemple, dans "Trampoline", on entend des fanfares. En fait, Liben avait demandé à deux fanfares différentes de jouer chacune de leur côté, et il s’est trouvé que par le plus grand des hasards, leurs performances pouvaient être mises ensemble sur le morceau, ceci sans aucune concertation… Et le résultat est réussi !
Autre nouveauté sur cet album : les claviers de Fred Donche viennent ajouter une ligne harmonique vraiment bienvenue sur de nombreux morceaux, ceci sans effacer les guitares et la basse de ce groupe pop-rock.
Ryonosuke est un album qui prend en force au bout de plusieurs écoutes, et qui propose des morceaux parfois dansants, parfois rock, parfois ultra mélodiques. Liben a vraiment su exploiter sa voix, et son talent de compositeur. |