Dire que High Places a sorti il y a quelques mois un "split-cd" avec Xiu-Xiu serait déjà un grand pas pour qualifier la musique de cet album éponyme. Pour ceux qui ne connaîtrait pas Xiu-Xiu, disons en quelques mots qu'il s'agit d'un groupe de pop expérimentale.
High Places joue donc également les savants fous dans leur laboratoire / studio et s'amusent de leur savoir faire et de leurs decouvertes pour amener l'auditeur sur des terrains sinon accidentés, semés de surprises.
Fait de bric et de broc, ce High Places fait la part belle à la créativité et à l'artisanat. En effet, le duo qui compose ce groupe est constitué de deux adeptes du "do it yourself" et on sent à l'écoute de ce disque que Robert Barber et Mary Pearson se sont largement laissé aller à ces doux plaisirs solitaires de bricoleurs sonores aidés de nombreux instruments (ou objets capables d'émettre un son).
C'est bercé par de caressantes notes que l'on pourrait qualifier d'ambiance plutôt que de mélodie au sens pop du terme que l'on pénètre dans l'univers de High Places.
On reconnait ça et là des percussions "steel" des caraïbes, quelques clochettes, des bribes de voix que l'on pourrait situer du côté des Mers froides d'Hector Zazou, comme sur "From stardust to sentience".
Pas suffisamment de repères cohérents, cependant, pour prendre pied tout de suite dans ce drôle de monde où rien ne semble figé et dans lequel on a l'impression que les compositions sont soumises à une étrange loi de mouvement perpétuel qui donne l'impression qu'elles changent à chaque écoute. On aurait juré tel titre instrumental, quand on découvre finalement que la voix y est omniprésente, on découvre des sonorités que l'on n'avait pas remarquées à la première écoute, autant de pistes et de portes qui, tour à tour, cachent et révèlent les plus intimes secrets de fabrications de ce disque sur lequel se mélangent, dans une grande fête sonore, les bruitages les plus incongrus à des musiques des plus délicates et une voix aérienne et tellement douce qu'elle ferait passer les compilations Nature & Découvertes pour du trash métal.
Bruits d'eau, clochettes, percussions exotiques et effets de réverbération font franchement bon ménage ("A field guide").
Douceur, finesse, subtilité et accessibilité font de High Places, premier album de High Places, un bien joli disque, osé mais accessible, à classer auprès de Final Fantasy, Xiu Xiu, Hector Zazou voire les Clogs, à la frontière, floue, de la pop et de la musique "contemporaine". |