Comédie
de Jean-François Regnard, mise en scène Pascal
Zelcer, avec Frédéric Chevaux, Benjamin Guillard,
Lara Neumann, Laurent Richard et Anne Saubost.
Pascal Zelcer s'est offert une petite
folie, avec sa bien nommée Compagnie
des Folies, en montant une pièce en alexandrins
du répertoire classique, "Les
folies amoureuses " de Jean-François
Régnard, revenant ainsi à ses premières
amours.
Une histoire d'amour et de folie, avec l'intrigue usitée
de la feinte maladie salvatrice pour déjouer une union
contre nature entre un barbon et sa juvénile protégée,
dont il a voulu explorer tous les ressorts comiques à
la lumière des anachronismes, du délire, de la
démesure et de l'humour décalé qui éclairent
les travers des personnages et la justesse des caractères.
Jouant explicitement la carte de la parodie et du travestissement
ludique, et connaissant les difficultés redoutables des
textes en vers, dont il se joue et dont il déjoue les
pièges, il met en scène cette délicieuse
comédie trépidante avec un judicieux sens de la
facétie, qui ne se dispense cependant pas de l'ardue
maîtrise de la mécanique du rire dictée
par un texte dont l'intégrité est totalement respectée.
Ainsi, le spectacle est-il truffé de clins d'œil
loufoques qui constituent autant de surprises dont la primeur
doit être laissée au spectateur et émaillent
un divertissement décapant et hilarant.
Une esquisse de jardin à la française en vrai
fausse pelouse synthétique, et des costumes d'opérette
suffisent à brosser le décor dans lequel va officier
un quintet de comédiens complètement débridés,
et il ne fallait pas moins que cela pour réussir cette
hardie entreprise, qui portent le spectacle au plus haut degré
du burlesque.
Laurent Richard est impérial
en birbe bas du front, tous pectoraux dehors en treillis, qui
organise une guérilla paranoïaque pour grillager
une volcanique pupille pré-pubère incarnée
par la pétulante et plantureuse Lara
Neumann, sorte de Mae West mâtinée de Betty
Boop, épatante révélation de "Lucienne
et les garçons".
C'est avec la complicité de sa servante ascétique
travaillée par ses hormones, campée par Anne
Saubost survoltée, et du valet cocasse à
qui Benjamin Guillard prête
une belle épaisseur qu'elle parviendra à ses fins
pour se pâmer dans les bras de Frédéric
Chevaux, désopilant en gandin qui se prend pour
une danseuse étoile à la Jacques Chazot.
Alors, ne résistez pas à ce vent de folie !
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