Pour
le cinquantième anniversaire de la disparition de Georges
Rouault, le Centre Pompidou présente une exposition qu'il
a co-organisée avec le Musée National d’Art
Moderne et le Musée d’art moderne Lille Métropole.
Cet "Hommage à Georges
Rouault - L'effervescence des débuts" propose,
sous le commissariat du conservateur Angela
Lampe, une sélection d'œuvres réalisées
entre 1905 et 1914 qui mettent déjà en évidence
les traits caractéristiques de son style pictural.
Rattaché à la mouvance fauviste, Rouault s'en
démarque cependant par sa patte épaisse, ses aplats
contournés de noir et une palette tragiquement sombre.
"L’art, celui que j’espère,
sera l’expression plus profonde, plus complète,
plus émouvante de ce que sentira l’homme, face
à face avec lui-même et l’humanité"
Paysages, nus et clowns préfigurent déjà
ses thématiques récurrentes qui témoignent
d'un expressionnisme humaniste.
Si dans certaines toiles, les corps exposés des filles
de la rue, qui venaient se réchauffer dans son atelier
et servir de modèles, sont encore parfois de la couleur
de la chair ("Nu de dos",
"Nu sur fond blanc"),
très vites, la peau bleuit et les traits se durcissent
("Fille au miroir").
Les temps heureux de la "Patinoire"
à la palette plus douce sont fugaces et les clowns au
regard triste n'évoquent pas la joie induite par leur
prestation circassienne.
L'exposition permet également d'admirer "L'acrobate"
d'une grande modernité et l'autoportrait du peintre ("L'apprenti
ouvrier").
A voir en introduction à la rétrospective qui
lui sera consacrée à l'automne à la Pinacothèque
de Paris à partir d'une des collections les plus réputées,
la collection Idemtsu. |