Comédie
dramatique de Jacques Rampal, mise en scène de Yves Pignot,
avec Emmanuel Dechartre, Benoît Solès, Julie Ravicz,
Cécile Paoli, Florian Cadiou, Didier Niverd, Daniel-Jean
Colloredo, Rachel Pignot et Stéphane Valin.
Jacques Rampal désormais rompu
aux pièces historiques, qui ne se souvient, entre autres,
du succès de "Célimène
et le Cardinal", trempe à nouveau sa plume
spirituelle dans l'encre de l'Histoire de France.
Avec "La journée des dupes",
dont le sous titre, "le triomphe de Richelieu", aurait
pu être "le choix du roi", il retrace, en savoureux
alexandrins, un des épisodes des innombrables intrigues
de cour qui sévissaient au 17ème siècle,
en l'espèce, celui qui assit définitivement l'autorité
de l'homme rouge comme conseiller privilégié de
Louis XIII.
La confrontation, élément dramaturgique essentiel,
est présente mais n'est pas frontale : en effet, la lutte
pour le pouvoir entre la pourpre canidalice, et le clan des
reines, représentantes couronnées des castes et
de ce que l'on qualifierait aujourd'hui des lobbies, se déroule
par personne interposée, le roi qui en est l'enjeu et
l'arbitre. Dès lors, le propos perd en acuité
ce qu'il gagne en didactisme.
Aux commandes, Yves Pignot, simultanément
à l'affiche du Théâtre 14 avec une autre
pièce historique "Le vol de Kitty Hawk", a
privilégié une mise en scène classique
"en échiquier" qui imprime une certaine lenteur
et staticité,au spectacle adéquates avec l'atmosphère
de conspiration délétère. La distribution
est homogène et les comédiens sont à l'unisson.
Julie Ravicz, régente obséquieuse,
fanatique et venimeuse à souhait, et Cécile
Paoli, épouse romanesque et ambitieuse, sont parfaitement
justes et Emmanuel Dechartre incarne
un Richelieu charismatique en brossant superbement la soudaine
vulnérabilité de l'homme qui se dévoile
sous l'intransigeance du politique.
Et Benoît Solès incarne
habilement, avec finesse, un roi malade, clairvoyant tant sur
ses capacités que sur ce qui se trame au palais même
s'il passe son temps à la chasse et affectionne le pâté
paysan, et qui, pragmatique, agit en vrai monarque en choisissant
entre deux maux le moindre pour ce qu'il pense être le
bien du royaume. |