Un nouvel album de Mogwai est un événement, ne nous le cachons pas. Depuis toutes ces années, les écossais nous habituent à des albums réguliers, dont les évolutions musicales qui peuvent paraitre discrètes, mais n'en sont pas moins essentielles. The Hawk is Howling est dans la droite ligne du groupe, une musique parfois tragique, parfois enjouée mais généralement sérieuse.
Au premier abord, les détracteurs pourront arguer, qu'il n'y a que peu d'évolutions par rapport à Mr Beast, leur précédent opus. Que nenni, c'est bien le contraire. Certes, le changement de direction n'est pas évident, tout comme l'ensemble de leur travail depuis 1995. C'est dans la subtilité qu'il faut rechercher les nouvelles approches du gang de Glasgow, une ligne de basse comme base de départ, des digressions guitaristiques, une façon différente de jouer sur les ambiances, et le tour est joué. Les climats musicaux denses sont l'apanage de ce groupe, des titres joués comme des tragédies grecques, avec leur point d'apothéose, où éclate une colère quasi divine, dans un déluge sonore à faire trembler les enfers.
Du reste, pour aller à l'encontre du courant qui tendrait à la protection de l'audition et l'entente cordiale avec son voisinage, nous vous conseillons de monter le volume de votre chaine, afin de prendre toute la mesure des finesses que renferme cette nouvelle livraison. "I Love You, I'm Going to Blow Up Your School" devrait définitivement vous conquérir et, si cela n'est pas suffisant, "The Precipice" qui clot ce disque, le fera. Coutumiers du genre, le quintet n'a pas failli à la règle qui veut que les titres de morceaux soient des poésies à eux seuls, jugez plutôt "I'm Jim Morison, I'm Dead"...
A noter que le EP à sortir début septembre, Batcat, comportera un titre composé avec Roky Erickson, fondateur de The 13th Floor Elevators. Etonnante rencontre, on pouvait légitimement penser que l'homme n'est plus plus capable de grand chose, après les années psychédéliques. Il semblerait qu'il soit encore capable de jouer de la musique.
Seul point noir, la pochette du disque comporte, outre une faute de goût, une méconnaissance ornithologique grave. Messieurs, ce fier volatile est un aigle, pas un faucon. Qu'on se le dise... |