Découverte d'abord parce qu'elle fut la voix au sein de divers groupes, Emiliana Torrini sortit un premier disque en 1999, Love in the Time of Science, signé chez One Little Indian, notamment connu pour avoir accueilli en son sein Björk, aînée et compatriote de la jeune islandaise. Il n'y a pas de hasard.
Produit par Roland Orzabal (Tears for fears), ce premier album avait reçu un bel accueil, tout du moins des médias et d'un auditoire curieux de nouveautés à défaut d'avoir réussi à pénétrer comportement le foyer de la ménagère de moins de 50 ans.
Pourtant, quelques années plus tard, une chanson lui permettra de marquer les esprits. "Golum's Song" sur la B.O. du deuxième volet de la trilogie du Seigneur des Anneaux lui apportera, en effet, un petit succès.
Pourtant en 2005, lorsque sort Fisherman's Woman, son deuxième album, son éphémère succès n'est plus que du cinéma et l'accueil ressemble peu ou proue à celui réserver à son premier disque. Le disque est pourtant assez réussi, offrant quelques mélodies fragiles et dépouillées dans la droite lignée de ces filles du nord, Stina Nordenstam et l'inévitable Björk en tête.
Mais l'actualité de Torrini, c'est son troisième album, Me and Armini, qui continue de creuser le sillon de la folk intimiste, voire minimaliste, aperçue sur Fisherman's Woman.
Piano effleuré, clochettes féériques, guitares légères comme l'air et une voix douce et sensuelle au service de mélodies tour à tour mélancoliques, enjouées ou poignantes sont les ingrédients (enfin) joliment dosés de cet album simple et touchant.
Si tout n'est pas parfait, force est de reconnaître que la jeune femme a su varier les plaisirs et évite certaines platitudes communes à de trop nombreux albums de folk dont les seuls talents vocaux ne suffîsent pas à susciter l'attention.
Ici, les chansons ont du relief, les mélodies ne sont pas que prétexte à une déclamation sans fin.
Et c'est avec une grande liberté et un peu d'ingéniosité que Torrini passe avec délicatesse d'une ballade très islandaise (froid dehors et chaud dedans) comme "Birds" à une sorte de reggae sautillant ("Me and Armini", sur lequel flotte l'ombre de Sinead O Connor) ou un rock plus sombre ("Gun", aux faux airs de Björk) sur lequel la voix se voile d'une goutte d'acidité qui tranche agréablement avec le chant parfois un peu midinette de la demoiselle.
Mais c'est précisément cette diversité qui fait
l'attrait de Me and Armini, sauvant ce disque d'une fosse commune dédiée au folk au profit d'une pop à la fois mélancolique et joueuse des plus sensuelles à défaut d'être totalement excitante. |