Surprenant. C'est peut-être l'adjectif qui le caractérise le mieux. Car depuis ses débuts, du moins depuis sa récente médiatisation, et le concours CQFD qu'il remporte en 2005, Spleen ne cesse d'étonner.
D'abord par ses prestations scéniques (toujours généreuses et festives), mais aussi par sa propension à s'entourer des bonnes personnes alors qu'il n'est encore qu'un inconnu. On le voit notamment aux côtés de Devandra Banhart lors d'un concert-happening place de la Bourse et sur la scène du Festival Indétendances. Là il chante, là il danse, là il joue. En tutu, ou torse-nu. Peu importent les conditions dans lequelles il évolue, il est là, il en impose. Allez, lâchons le mot : il en jette. Il donne tout, avec toujours autant d'entrain et de passion.
Mais assez parlé de la scène. Car ce qui nous intéresse ici est sa musique et elle seule. Le revoici donc, trois ans après le confidentiel et non moins brillant She was a girl, avec une petite perle, belle surprise de cette rentrée maussade : Comme Un Enfant.
Si de rares morceaux peuvent décevoir (le pourtant remarqué et second single "Love Dilemme"), la grande majorité de l'opus séduit. Et c'est peu de le dire. A son omniprésent beat box (répéré notamment sur "Tu l'aimeras" ou "Le roi"), il mêle balades nostalgiques et envolées lyriques (le magnifique "Peter Pan" avec Cocorosie), jazz groovy ("Yaoundé"), flow hip-hop, choeurs et mélodies.
L'album est ici encore hanté par l'amour (Cf. la première piste), que ce soit celui de l'écriture et plus généralement de la création ("Stylo et stereo"), de la mère ("Mama capella"), du pays ("Yaoundé") mais aussi par l'amour déchu ("Tu l'aimeras", premier single dans la veine d'un Arthur H, dont il faut absolument voir le clip, tout en stop-motion) ou encore l'enfance.
Son timbre se fait tantôt léger, tantôt profond, suave ou rugueux, rappelant parfois celui de Marco Prince (chanteur de FFF). Il jongle entre frivolité et balades maussades ("My lie.f"), atteignant des sommets de grâce avec le superbe "Don't look back".
Une maturité, une sensualité et un vrai brassage musical qui font toute la richesse d'un disque qu'on ne se lasse pas d'écouter.
Spleen expérimente, mêle toutes les influences qui l'animent et, surtout, se fait plaisir. C'est peut-être ça la clé du succès ? |