Atelier
de danse-théâtre, texte de Pierre-François
Garel, mise en scène et scénographie de Caroline
Marcadé, avec Melissa Barbaud, Mathilde Bisson, Camille
Blouet, Camille Cobbi, Pierre-François Garel, Carole
Guittat, Vincent Menjou-Cortès, Antonin Meyer Esquerre,
Estelle Meyer, Camille Pélicier-Brouet, Pierre-Marie
Poirier, Pauline Ribat, Mathieu Sampeur, Sofia Teillet, Pierre-Benoist
Varoclier et Lise Werckmeister.
Atelier de jeu masqué, textes de Copi, mise en scène
Mario Gonzalez, avec Aymeline Alix, Bartholomew Boutellis, Karl
Eberhard, Vincent Leterme, Lionel Lingelser, Sara Llorca, Frédéric
Noaille et Julie Roux ("L'ombre de Venceslao") et
Benjamin Abitan, Loïc-Emmanuel Deneuvy, Christophe Dumas,
Kevin Lelannier et Camille de Sablet ("La nuit de Madame
Lucienne").
Souvent est louée la supériorité organique
des acteurs anglo-saxons rompus à toutes les disciplines
qui en font des artistes complets. Les heureux récipiendiaires
du Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique
de Paris n'auront pas à se plaindre de leur sort puisqu'ils
bénéficient d'une formation à la dramaturgie
du corps qui passe par des ateliers danse-théâtre
et des ateliers de jeu masqué.
Ateliers qui démarrent la rentrée 2008-2009 des
représentations publiques des élèves de
3ème année.
Caroline Marcadé, responsable
du département "Corps et espace" au CNSAD,
met en scène et en danse un beau texte d'un élève,
"Antigone-Paysage" de Pierre-François
Garel, autour du personnage mythique d'Antigone pour,
dit-elle, permettre aux corps d'expulser leurs paysages et d'inventer
une géographie organique très humaine.
Dans une chorégraphie post-Gallotta, les élèves
relèvent le défi d'une partition très physique
qui manifeste leur totale implication dans une discipline qui
n'est pas intuitive.
Pour le jeu masqué, le choix s'est porté sur
deux courtes pièces de Copi,
"Le fantôme de Venceslao"
et "La nuit de Madame Lucienne".
Ce choix peut étonner dans la mesure où Copi colle
déjà un masque sur ses personnages.
C'est Mario Gonzalez qui officie. Enseignant depuis plus de
vint ans en ces lieux, son oeil ravi et ses rires au cours de
la représentation attestent de sa capacité à
garder intacte la fibre pédagogique et le plaisir de
se laisser emporter par le spectacle alors même qu'il
en connaît les composantes.
Avec les magnifiques masques en bois d'Etienne
Champion, les élèves laissent libre cours
à ce qu'il qualifie de "jeu libérateur qui
vise à leur épanouissement" en retrouvant
cette joie primitive du guignol, du travestissement qui résonne
aussi de manière mnésique chez le spectateur.
Et ils s'en donnent manifestement à coeur joie dans "L'ombre
de Venceslao", dont le le baroque et le lyrisme désespéré
sont accommodés en l'occurrence d'un tonitruant jeu truculent
et proche de la commedia dell'arte mené par Karl
Eberhard, Lionel Lingelser
et Aymeline Alix.
Etrangement, la redondance du masque fonctionne mieux avec
"La nuit de Madame Lucienne", satire caustique du
théâtre, dans laquelle Copi trouble les repères
entre la réalité et la fiction théâtrale,
avec un jeu plus "distancié", dans lequel les
scènes entre l'auteur et la comédienne, Kevin
Lelannier et Camille de Sablet,
sont particulièrement loufoques.
Ces prestations donnent naturellement envie de revoir ces comédiens
dans une représentation théâtre-théâtre,
tout simplement, pour apprécier les qualités de
ceux qui constituent le vivier des talents de demain.
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