C'est dans une Cigale, dont la fosse a laissé la place à des rangées de sièges, que se déroulera le Fargo All Stars de ce soir.
L'affiche est alléchante, en grande partie à cause de My Brigthest Diamond, mais c'est aussi une occasion de voir, sur scène, Clare & the Reasons et de découvrir Chris Garneau.
Ce dernier occupe le centre avec son piano, et côté gauche de la scène, se trouve un trio de cordes composé de deux violoncelles et d'un violon.
Chris fait dans la chanson au sens le plus littéral du terme, le dépouillement de l'ensemble en fait un chanteur simple mais efficace.
Avec grand calme, le concert se déroulera sans accroc, la voix douce et claire du jeune américain égrènera les chansons.
Que dire, que si la précision est une qualité de ce chanteur de Brooklyn, je ne peux pas m'empêcher de penser au mot crooner, en voyant Chris Garneau ce soir.
Est-ce dû à son calme olympien, à son physique, à ses chansons ou à un savant mélange de tout ça ? En tout cas, le jeune homme remerciera son public, en français et sera chaudement applaudi.
Pendant le changement de plateau, je demande au photographe qui m'accompagne, si je peux tester son appareil photo que je voulais tester en concert. Ce dernier me répond que je n'ai qu'à faire les photos de Clare & The Reasons, ça m'entraînera : "banco !" Me voila donc, naviguant entre les spectateurs, au milieu des nombreux photographes présents, à faire mes cadrages. Autant vous dire que la concentration demandée par l'exercice ne me permet pas d'être complètement attentif au concert (surtout, Fabrice n'ayant pas voulu écrire la chronique à ma place !)
Néanmoins, je peux vous dire que je n'avais pas aimé Clare & The Reasons sur disque et pourtant, ce soir, c'est une totale et agréable surprise. Tout d'abord, Clare a un excellent contact avec le public. Olivier Manchon, multi instrumentiste (dont une scie musicale, si si !) est un personnage très drôle, en plus de ses talents de musicien, et participe à une bonne humeur communicative. Tous les membres du groupe sont habillés en rouge, mis à part le trio à corde, toujours présent.
Mais ce n'est pas tout, les chansons sur scène sont bien plus accrocheuses que sur disque. Nous aurons droit à de très bonnes chansons composées par le groupe, une reprise de Tears For Fears et une version débridée, à la flûte, du thème de Rocky par Olivier. Clare fera du prosélytisme politique et demandera à l'assistance de chanter sur une chanson : "Obama in the Sky", en précisant "Quand on répète une chose plusieurs fois, elle finit par arriver." Très bonne surprise de cette soirée, Clare et ses raisons ont enchanté l'assistance, ce groupe peu connu, a conquis le public et votre serviteur, par une prestation scénique de qualité.
Entrée en scène de Shara Worden, connue sous le nom de My Brightest Diamond, qui installe son matériel. Notez que le trio de cordes n'a pas bougé de place et qu'Olivier Manchon est revenu, toujours entouré de divers instruments.
Shara, entame le concert de sa magnifique voix, le set sera presque entièrement dédié au nouvel album, quelques titres du premier seront joués comme "Dragonfly" ou "Disappear" qui aura un franc succès.
Il est très intéressant d'entendre les titres de A Thousand Shark's Teeth, interprétés avec le trio de cordes. L'album ayant été enregistré et composé sous cette forme, les titres paraissent plus amples, pour ainsi dire. C'est une petite déception à mon avis, c'est sous forme de trio rock que My Brightest Diamond me semble le plus intéressant.
Néanmoins, malgré une tension et une distance de Shara palpable pendant le concert (salle trop grande, émotion peut-être), la soirée garde tout de la magie de la jeune chanteuse : "Black and Costaud", chanson à l'ambiance enfantine, ravira le public, "From the Top of The World" est magnifiquement interprétée.
"To Pluto's Moon" sera l'occasion de découvrir la raison pour laquelle, la droite du plateau, était un vide occupé par une table.
Les musiciens se dirigent vers l'endroit. Pendant que Shara chante, ils jouent un spectacle de marionnettes, illustration du texte, avec un décor en ombres chinoises. Autant vous dire que ce passage a été plus qu'applaudi, devant tant de simplicité et d'originalité.
Petite déception, le concert me parait un peu court, mais peut-être est-ce à cause d'une distorsion temporelle, due au voyage féérique que nous réserve My Brightest Diamond à chacune de ses représentations. Toujours est-il qu'après un rappel où elle interprète une chanson au ukulélé, demandant une participation de l'assistance qui restera timide, la lumière se rallume et un disque est lancé pour nous faire comprendre que Shara ne reviendra pas. Il est à peine 23h00 ! Difficile retour sur terre, d'autant que dehors, il fait froid et il pleut.
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