C'est ce soir la dernière phase du festival Fargo All Stars à Paris et comme le dit Michel, patron du label Fargo, ça se passe pour ainsi dire à domicile puisque nous sommes à La Maroquinerie, à deux pas des bureaux du label Fargo, le plus américains des labels francais.
Sur le papier, cette soirée de clôture est la moins attirante des trois (après deux soirées à La Cigale qui ont vu passer Jessie Sykes, Clare and the Reasons ou encore la tête d'affichage de ce festival, Joseph
Arthur) et de fait, la salle ne se remplit pas très vite et la Maroquinerie semble encore bien vide lorsque le premier groupe arrive sur scène, il est vrai qu'il est relativement tôt.
Le premier groupe est un groupe français, lillois, qui est allé emprunter son nom sur des paquets de cigarettes d'importation Roken Is Dodelijk signifiant comme chacun sait (ou pas) : fumer tue.
Chouette, un groupe qui prend soin de notre santé ! D'ailleurs, le chanteur lève plus tard tout suspens sur le contenu de son verre "du pur coca light", nous voilà rassuré, ce groupe ne nous veut que du bien.
Et il faut reconnaitre que les 5 musiciens font tout pour que l'on se sente bien. Blagues, participation du public sur certains morceaux (vous savez imiter le loup, vous ?) et un mélange de rock et de country/blues dynamique bien dosé qui n'est pas sans rappeler Moriarty, jusque dans le costume du chanteur.
Un chanteur assez charismatique dont les gesticulations apportent beaucoup de dynamisme dans le set, même si le reste du groupe semble plus détaché, bien que visiblement ravi d'être sur la scène de la Maroquinerie.
La jeune fille au clavier et au chant montre d'ailleurs sa joie par une énergie débordante mais malheureusement moins bien canalisée que celle du bien plus charismatique chanteur.
Et ce fut bien là le seul bémol à ce concert. Ce côté trop. Festive, cette voix qui a du mal à s'imposer, pas toujours juste (le trac dans doute), cassait un peu l'ambiance folk rock entre deux eaux des compositions leur conférant un côté trop "fête de village", leur ôtant de la densité.
Il n'empêche que l'ensemble dégage quelque chose au niveau des compositions qui fait que l'on suivra l'évolution de ce groupe.
Rapide changement de scène tandis que la salle se remplit sensiblement, même si le public trop timide préfère s'installer dans les coins sombres de la salle plutôt que sur le devant de la scène qui reste vide.
Arrivent alors sur scène, ornée pour l'occasion d'une longue guirlande lumineuse, un trio à la drôle d'allure.
Un batteur chapeauté, un guitariste élégant et trapu et un guitariste/chanteur muni d'un drôle de pédalier (ressemblant à des pédales d'orgue) qui restera assis tout le long du concert.
Assis mais expressif et charismatique, arcbouté sur sa guitare, il se redresse pour chanter en alternance avec le second guitariste rappelant en cela un certain David Eugene Edward.
Elliot Brood est un groupe qui vient de Toronto et on sent dans leur musique l'influence de la ville comme on la ressent par exemple chez Broken Social Scene, c'est-à-dire une musique dense et riche de multiples racines, tant blues que rock et pop.
Le groupe est très à l'aise sur scène et avec son accent anglo-québécois, le chanteur assure l'ambiance entre les morceaux. Aucun répit pendant ce set qui passe vraiment trop vite tant la prestation est captivante.
Entre banjo, guitares et hukulélé, entre blues et rock, la musique déborde d'énergie et si nombre d'entre nous était venu pour le groupe suivant, il y a fort à parier que Elliot Brood laissera un des meilleurs souvenirs de ces 3 jours de festival.
Énorme claque qui laisse la salle un peu sonnée tandis que les teenagers au look décidément 70's de The Redwalls s'installent sur scène avec décontraction et bonne humeur.
The Redwalls, c'est peut-être le groupe le plus attendu (au tournant) de ce festival, suite à la récente parution de leur premier album en France, Universal Blues.
Du haut de leur ... 20 ans avec leurs jeans serrés, leur cheveux en pétard, leur superbes guitares et leur rouflaquettes, The Redwalls vivent dans des années pendant lesquelles leur parents étaient encore enfants. 65-70. Le rock bat son plein, le Velvet n'est plus ce qu'il était, les Who ont le vent en poupe, les Stones sont des stars interplanétaires et les Beatles ne sont plus. Les Kinks et les Small Faces n'ont pas dit leur dernier mot.
Quoi qu'il soit, ce soir, sur la scène de La Maroquinerie, ce sont tous ces groupes qui se trouvent là. Une sorte de grand messe, de célébration, avec de bien jeunes maitres de cérémonies.
Hilares, les Redwalls ne tardent pas à faire parler la poudre, sans complexe. Si le set est fait d'une partie de titres encore inconnus à nos oreilles, les morceaux issus de Universal Blues viennent poser quelques repères tantôt franchement rock, le groupe vient quand même de Chigaco, et à d'autres moments, très nettement plus anglais, comme tous les groupes cités plus haut et qui ont forcément bercer la tendre enfance d'au moins deux générations de Redwalls !
En tout cas, le live sans être tonitruant porte plutôt bien les chansons de l'album malgré des voix peut-être trop en retrait.
Quoi qu'il en soit, le groupe est sincère et généreux et les titres s'enchainent sans lassitude.
Une belle soirée dense et intense qui termine en beauté ce festival.
En attendant le prochain n'hésitez pas à decouvrir les artistes Fargo, la plupart en valent vraiment le coup ! |