Ce disque est sorti il y a presque un an en Angleterre. Les retards répétés de l'Eurostar n'expliquent pas tout et c'est donc curieusement en cette fin d'été (le disque est sorti fin août) que The Bairns arrive en vente libre en France.
Ce disque est sorti il a un an donc, mais est plus que jamais d'actualité, si on en croit les tendances musicales qui marchent en ce moment.
En l'occurrence, nous sommes ici en présence d'un groupe de folk féminin.
Non pas que tout le groupe soit composé de filles (encore que je me demande si ce n'est pas le cas) mais parce que la part belle est faite à celle qui est à la tête (et du même coup à la voix) du groupe et dont le nom se détache sur la pochette, Rachel Unthank.
Et quand je dis folk, je devrais presque parler de jazz. Pourquoi des gros mots, me direz-vous ? Mais parce que ce disque est en plusieurs points construit comme un disque de jazz. D'abord parce que, dans la grande tradition du jazz, le groupe est avant tout un ensemble de musiciens réunis autour d'un projet. Multi-instrumentiste, Rachel Unthank sera aussi bien au chant qu'au violoncelle, par exemple. Jazz aussi car la plupart des titres de The Bairns sont des réinterprétations de titres folk. Folk au sens large du terme puisqu'on trouvera aussi bien des morceaux dits traditionnels que des compositions plus contemporaines comme "Sea Power" de Robert Wyatt ou encore "A Lobe Place" de Bonnie Prince Billy.
Le tout avec une grande dose de mise en scène de la musique, vraiment habitée par la chanteuse comme sur "Ma Bonny Lad" aux airs de cabaret d'avant-guerre ou la ballade "I Wish" pour moitié interprétée a cappella d'une voix qui n'est pas sans rappeler les émotions jadis procurées par Sinéad O'Connor. Titre d'ailleurs élégamment souligné de cordes et piano dont la mélodie nous ramènera, comme à plusieurs reprises sur le disque à un folklore "de pub" évoquant l'Irlande et bien entendu l'Angleterre.
Intimiste et chaleureux, Rachel Unthank and the Winterset lance avec The Bairns une invitation au voyage, immobile, automnal, vers un monde où la folk, le jazz et la pop ne voudraient plus rien dire. On peut toujours rêver et Rachel Unthank nous y aide à merveille. |