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Monierza Molia  (Editions Eretic)  2008

En refermant le livre de Monierza Molia, je fus troublé, un peu comme l’avait été Goethe après avoir lu Le système de la nature de Paul-Henri Thiry D’Holbach. Alors que Goethe avait sans doute été saisi par l’effroi en raison de cette charge terrible contre l’imagination, je suis, pour ma part, gêné devant ce qui me semble être une incompréhension fondamentale de la littérature, et plus généralement de l’art.

Tout roman doit être, en fin de compte, une construction. Ou plutôt, devrais-je dire, une élaboration, afin de bien distinguer ce qui ressort de la découverte scientifique et ce qui ressort de la simple œuvre de création intuitive. L’intelligence de l’écrivain appréhende son objet qui n’est autre que ce que l’on appelle familièrement le sujet de son roman. Cette appréhension se fait à la fois par un plan construit ou tout simplement par le style. Je pourrais citer, par exemple, Céline dont la puissance de pensée s’est fondue dans chacun de ses mots. Ou encore Thomas Mann, lequel parvint à l’émotion par cette propension à la vérité intellectuelle qui correspond, partant, à la vérité absolu.

Je parle ainsi de l’émotion. Dans un roman, la sincérité est nécessaire. Cependant, elle n’est pas suffisante. Par l’art, l’auteur demeure dans l’obligation de révéler son identité, de dire ce qui le distingue fondamentalement des autres êtres humains pour mieux montrer sa richesse individuelle, ce qui fait que la vie mérite en conséquence d’être vécue. Il est un observateur de la réalité environnante, mais également de lui-même. Ce qui signifie qu’il est dans l’obligation de créer une distance envers l’œuvre d’art. En adoptant un certain recul, il comprend son imperfection, sa naïveté et donc son ignorance ce qui le rend ainsi plus humain.

Bref, au-delà de la création, par-delà même toute construction, il y a la vie, frémissante, violente. L’écrivain génial ou simplement doué est seul en mesure d’arracher cette vie qui est la sienne. Par conséquent, pour écrire, il faut beaucoup d’énergie, une énergie propre à la sexualité. L’auteur est contraint de se remémorer toute la souffrance subie, de se rappeler toute son existence passée laquelle n’est jamais exempte de douleur, afin de créer, espérant atteindre peut-être l’impossible, c’est-à-dire ce que l’on peut penser ou non (je paraphrase ainsi, et un peu malgré lui, Wittgenstein).

La question, enfin, se pose : pourquoi l’art? Pourquoi j’écris, pour quelle raison je me sens ce besoin insignifiant, risible, de poser mes doigts tachés d’encre sur chacune des pages d’un livre? Sinon que chaque livre est une communication à laquelle doit répondre d’autres livres. Il y a souvent cette image de l’écrivain enfermé dans sa tour d’ivoire et qui ne se préoccupe jamais de ses lecteurs. En vérité, il est en attente d’une réponse, à l’instar de Proust qui jeta À la recherche du temps perdu comme un défi aux générations suivantes qui lui succéderaient dans l’espoir insigne et fou que l’Un parmi les hommes découvre le fondement de l’étant, la finalité du monde.

L’écrivain n’est donc pas là pour divertir le lecteur, l’envahir d’émotion ou encore se rehausser par rapport à une humanité qu’il jugerait dégradante. Non, il espère que l’un de ses lecteurs comprendra, et qu’il se mettra lui-même à créer, brisant de cette façon toute solitude qui est la rançon du créateur.

 

Thomas Dreneau         
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