Fantaisie
comique écrite, mise en scène et interprétée
par Martine Thinières et Patricia Clément.
Attention ! Oyez, oyez ! Qu'on se le dise "Les
Mauvaises" alias Martine Thinières
et Patricia Clément, reviennent
sur scène avec un deuxième épisode de leurs
délires pédagogico-comico-cosmiques.
Après s'être habilement gaussées, entre
autres, de la musique distanciée avec leur premier opus,
tout simplement sous titré "Un
duo de violoncellistes mal tempérées"
qui revisitait l'histoire de la musique, elles s'attaquent au
théâtre qu'elle explore par le petit bout…de
la lorgnette en y traquant l'érotisme.
Dans un registre comique où les femmes s'aventurent
peu, elles ont conçu, en partant du classique duo de
clowns de l'Auguste et du clown blanc décliné
au féminin, un spectacle dans une veine post-dadaiste
qui dynamite les codes du registres en procédant à
un heureux et impertinent syncrétisme comique.
Sur scène, la famille instrumentale s'est agrandie :
ce n'est plus deux violoncelles, mais quatre flanqués
d'un piano qui réserve des surprises, qui induisent leur
scénographie et les deux mauvaises arrivent emperruquées
à la Marie Antoinette, diptyque aux couleurs chamallow,
la petite Blanche en tenue de princesse pour fête de fin
d'année de maternelle, la grande rose en fourreau glamour
précédant leurs pas d'un semais de pétales
de rose, roses et blanches bien évidemment.
Duo fantasque, complice et déjanté, Martine Thinières,
et Patricia Clément se sont créé des personnages
hauts en couleurs. Un croisement, pour l'une, un croisement
entre le joyeux drille Droopy, le bégayeur Pierre Repp
et le gaffeur-distrait de Pierre Richard, pour l'autre, entre
la conférencière de Jacqueline Maillan, un adjudant-chef
et Rita Hayworth. Et elles n'ont peur de rien. Comédiennes
aguerries qui connaissent leurs classiques, elles partent à
l'assaut avec une fantaisie qui relève de l'exercice
périlleux, genre triple salto arrière départ
arrêté sur trapèze et sans filet, qui use
de toutes les formes du comique sur un texte aux petits oignons
(métaphore potagère - "je vous laisse réfléchir
là d'ssus" comme dirait Gustave Parking).
Placé sous l'égide de la guerre d'Essex, cette
conférence-spectacle musicalement illustrée sans
queue ni tête, encore que..., révèle tout
le potentiel érotique de Einstein, Corneille, René
Latige, Eddie Barclay et Aude Vaisselle-Rincée et dévoile
enfin la vérité sur la Dame aux camélias
et le point G, les tics et les mites de Médée
l'insecticide et le double branle de Jules de Jouy. De quoi
parfaire sa culture générale et briller en société
!
Loufoque, irrésistible, hilarant, de quoi assécher
le dictionnaire des synonymes, "L'érotisme
de la tragédie" est une fantaisie roborative
fortement conseillée aux amateurs d'humour débridé
et aux autres car il n'est jamais trop tard pour s'y mettre..
Les Mauvaises ont investi le Théâtre du Chaudron
à Vincennes pour, hélas, quelques représentations
seulement, histoire de s'échauffer. Dommage pour ceux
qui n'y étaient pas, mais qu'ils ne désespèrent
pas totalement car il n'est pas à douter qu'elles se
lanceront à l'attaque de la capitale !
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