Comédie
de Emmanuel Robert-Espalieu, mise en scène de Christophe
Lidon, avec Tom Novembre et Roland Marchisio.
Si pour Serge Gainsbourg Dieu était un fumeur de havanes,
pour Emmanuel Robert-Espalieu Dieu
est un maître nageur qui surveille d'un œil goguenard
tout son petit monde qui clapote et patauge dans le grand bain
de la vie.
Avec un humour peaufiné, une plume burlesque et un don
certain pour les dialogues quasi surréalistes - les diablogues
de Roland Dubillard ne sont pas bien loin - il met en scène,
et aux prises, deux beaux spécimen humains dans une joyeuse,
ébouriffante et habile métaphore piscicole.
A la piscine municipale, tout le monde est en tenue de bain
mais le bonnet est obligatoire et quand un bonnet rouge rencontre
un bonnet bleu il y a de la friture sur la ligne. L'un, requin
d'eau douce, bénéficiant de l'antériorité
sur le plongeoir, se veut le prédateur du bassin et régulateur
des lignes; l'autre, le nouveau venu est vite catalogué
comme perche du Nil, espèce fort comestible mais également
fort invasive.
Et comme "Les poissons ne meurent
pas d'apnée", la confrontation est savoureuse
et débouche autant sur des abimes métaphysiques
que sur une analyse socio-politique particulièrement
édifiante.
Sur la scène transformée en piscine, dans un
amusant décor qui pourrait ressembler à l'antichambre
d'un Paradis "aquatique", car l'auteur aime bien les
vraies fausses pistes, à moins qu'il ne s'agisse de l'inverse,
Christophe Lidon signe une mise en
scène nette, précise et sans bavure qui enchante,
soutenue par un duo de comédiens émérites.
Tom Novembre et Roland
Marchisio, qui prouvent, si besoin était, leur
talent même dans le presque plus simple appareil, dans
un exercie qui relève du cas d'école - un slip,
un bonnet et une serviette - sont excellentissimes. Désopilants,
tour à tour détestables et attachants, ils ont
tout simplement irrésistibles.
Alors ne résistez pas car tout est bon dans le poisson
!
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