Comédie
dramatique de Carole Fréchette, mise en scène
de François Ha Van, avec Céline Jorrion, Julie
Quesney, Guillaume Tagnati (en alternance avec Fabrice Leroux,
Sylvain Savard et Rafael Reves).
Marie a onze ans et demi et déjà elle sait qu’elle
ne veut pas mourir. Et même si les personnages s’effondrent
autour, elle a choisi de vivre plusieurs vies et de le faire
vite. Commence alors une fuite en avant menée par un
imaginaire pittoresque et une formidable envie de dévorer
le monde.
Le texte de Carole Fréchette, auteure contemporaine
québécoise à qui on doit de belles histoires,
raconte ici un itinéraire cahotique et rocambolesque
qui dit le furieux appétit de vivre et de rêver
chez son héroïne, même si les fantômes
de l’enfance l’accompagnent toutes ces années.
Avec "Les quatre morts de Marie"
présenté par le Vélo
Volé, François Van Han
a conçu une version moderne - presque cinématographique
- où domine un sentiment d’urgence que l’on
retrouve dans la mise en scène : urgence des déplacements,
des changements à vue qui enchainent les scènes
les unes aux autres tel un montage serré de film-rythmé
par une nerveuse bande son électro.
La distribution, parfaite, est dominée par la prestation
de Céline Jorrion, époustouflante
de vérité. Quand elle interprète Marie
enfant, on s’y croirait : langage, phrasé, intonations,
gestuelle…tout est là.
Elle est tout aussi impressionnante lorsque, plus grande, elle
ressent la nécessité de dire pour combler l’absence
d’un père et l’abandon d’une mère,
se recréer un monde fantasmagorique dans lequel on ne
meurt jamais, même si cela doit passer par plusieurs vies,
toutes plus rapides, pour aller au cœur des choses, brûler
ce qu’on laisse derrière et s’enfuir vers
un océan de tous les possibles. Malheureusement, le réel
la rattrapera et réfléchira avec âpreté
une intense et éprouvante solitude.
Une pièce forte d’où point une petite nostalgie
tenace de rêves d’enfant jamais réalisés.
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