Comédie
dramatique de Spiro Scimone, mise en scène de Carlo Cecchi,
avec Francesco Sframeli et Spiro Scimone.
Le Théâtre du Rond Point propose, avec deux spectacles
courts, le premier opus,"Nunzio", et le dernier en
date, "La busta", de Spiro Scimone, de découvrir
l'écriture, et l'univers, d'un représentant de
la jeune génération des dramaturges italiens,
et plus précisément siciliens, qui œuvre
dans l'essence même du théâtre : l'humain.
"Nunzio" c'est une
cuisine vétuste, meubles en formica, ex voto christique
au dessus du frigo, vaisselle sale dans l'évier et tic
tac du réveil qui bat la mesure. C'est aussi le prénom
de l'un des deux hommes qui partagent un appartement modeste.
Deux hommes, deux vécus et deux solitudes. Et pourtant,
d'une certaine manière, ils sont tout l'un pour l'autre,
l'ancrage au monde, celui qui est là.
L'un est tendre, un naïf qui crache ses poumons mais croit
toujours que demain sera plus beau et que, ma foi, aujourd'hui
comporte ses petits moments de joie. L'autre, le placide implacable,
ne nourrit guère d'illusions mais demain sera encore
un nouveau jour.
Cette partition pour deux comédiens, Spiro Scimone l'interprète
avec son complice, son ami, son homologue, nés la même
année à Messine et avec qui il partage la même
aventure théâtrale depuis les bancs de l'école
d'art dramatique de Milan, Francesco Sframeli.
Ils distillent ce fragment d'humanité à la dérive,
au plus proche de l'âme et de la chair, beau à
pleurer et à sourire parfois, dans la mise en scène
très épurée d'un de leurs aînés
prestigieux, Carlo Cecchi, légende
de vivante de la scène italienne, qui joue au même
moment au Théâtre Athénée-Louis Jouvet.
Mise en scène épurée pour une histoire
simple où il ne se passe rien d'extraordinaire, tout
résidant davantage dans le non dit et dans le non verbal.
Le texte est pauvre, au sens où il s'agit de dialogues
ordinaires, de mots élémentaires, et parsemé
de silences, sans effusion, ni sentimentalisme.
Ce qui est tout à fait étonnant et profondément
juste, vrai et sensible, ce sont les silences. Des silences
qui ne sont pas des pauses ou des vides mais, comme en musique
tonale, des expressions d'une valeur temporelle qui mettent
en relation les propos échangés dans la langue
maternelle, le sicilien, dialecte abrupt qui sonne sec.
Tout passe par le regard, par le silence, par l'intonation
et l'inflexion, et dès lors, tout, le plus petit détail,
le moindre geste, même son ébauche, a son sens.
Un magnifique travail des comédiens. |