Comment
naît une exposition ? Parfois d'un élément
purement factuel. Tel est le cas pour l'exposition "Van
Dyck" présentée le magnifique Musée
Jacquemart-André qui, en l'occurrence, détient
trois oeuvres majeures du peintre.
Pour concevoir cette monstration qui revêt la forme d'une
brève anthologie, les commissaires de l'exposition, Alexis
Merle du Bourg, docteur en Histoire de l’art et
Nicolas Sainte Fare Garnot, conservateur
du Musée Jacquemart-André, ont opté pour
un parcours chronologique, certes classique, mais adapté
à l'un des objectifs qui est d'illustrer l'évolution
de l'art exceptionnel de Antoon Van Dyck, qui fut le plus éminent
portraitiste depuis Le Titien.
Cette exposition, la première à caractère
monographique, est également exceptionnelle, au plan
muséal, en ce qu'elle réunit des oeuvres dispersées
dans le monde dont la plupart sont, de surcroît, montrées
pour la première fois en France.
Pour
la scénographie, Hubert Le Gall,
designer-scénographe habitué des lieux, a tiré
parti des sujétions des salles du musée consacrée
aux expositions temporaires pour en accentuer la relative exiguité
afin de recréer l'intimité des demeures bourgeoises
et royales.
Le choix de velours muraux aux teintes, du cramoisi au taupe,
symétriques au réchauffement de la palette chromatique
du peintre, sur lesquels sont imprimés en creux les cartels
en typographie du 17ème siècle, les faux plafonds
tendus dont le décor s'inspire des plafonds Renaissance
à caissons ou des peintures réalisées par
Rubens pour le palais de Whitehall, en et l'illustration musicale
constituent un écrin idéal pour les toiles lumineuses
de Van Dyck.
Une exceptionnelle galerie de portraits des hautes sociétés
européennes du XVIIe siècle
Enfant prodige, élève du peintre maniériste
Henrick Van Balen, puis de Rubens dont il fut le collaborateur,
peintre favori des bourgeois flamands, des patriciens gênois,
de l'aristocratie européenne et des rois d'Angleterre,
Van Dyck a inscrit son nom dans l'histoire de l'art du portrait
européen en renouvelant ce genre très codifié
par l'introduction du mouvement et de la dimension psychologique.
Dès ses débuts, il manifeste des vélleités
de s'émanciper de l'austère tradition anversoise
et de l'esthétique calviniste.
Les portraits aux couleurs sombres sont subtilement animés
par le biais des tissus et des draperies, de l'intensité
des regards et des imperceptibles mouvements des mains qui jettent
les bases d'un art néo-vénitien du portrait qui
s'épanouira lors du séjour de Van Dyck en Italie.
Introduisant non seulement le chatoiement des couleurs mais
aussi les miroitements de la lumière, il dresse des portraits
flatteurs, ennoblissant les bourgeois et humanisant les aristocrates.
Il
les place en situation avec l'illusion du naturel ("Portrait
de Jacques Le Roy"), leur imprimant un mouvement immobile
("Portrait de Porzia Imperiale et de sa fille Maria Francesca""Portrait
de Elena Grimaldi");
Et surtout, il substitue à l'impassibilité ou
à l'inexpressivité de rigueur dans les effigies
officielles ou d'apparat le sentiment qu'inspire la physionomie
du sujet ( (telle l'espièglerie pour Maria De Tassis,
la mélancolie et l'assurance pour le double portrait
des princes palatins, la tendresse de l'esquisse des portraits
des princesses Anne et Elisabeth).
L'exposition présente également une sélection
de dessins pour évoquer le trait virtuose de Van Dyck
qui débuta par le dessin et la gravure.
|