Comédie
dramatique de Nicolaï Erdman, mise en scène de Volodia
Serre, avec Alban Aumard, Olivier Balazuc, Bruno Blairet, Laure
Calamy, Philippe Canalès, Grétel Delattre, Delphin,
Noémie Develay-Ressiguier, Alban Guyon, Gaëlle Hausermann,
Catherine Salviat, Alexandre Steiger et le musicien Jean-Marie
Sénia.
Ecrite en 1928, la seconde des deux pièces écrites
par le dramaturge russe Nicolaï Erdman,
"Le suicidé"
repose sur une satire féroce, et une habile démonstration
parfois un peu spécieuse, qui dénonce la société
russe complètement inféodée au régime
bureaucratique communiste qui ravale les individus au rôle
de pantins et surtout leur interdit toute velléité
de destin individuel pour le bien du peuple.
L'histoire est celle d'un imprudent prétendant au suicide
qui est sollicité, voire sommé, par toutes les
communautés d'intérêt, du clergé
à l'intelligentsia, pour mourir "utile" au
nom de leur cause.
C'est cette tragédie humaine et historique camouflée
sous une comédie burlesque échevelée qu'a
choisi de monter le jeune comédien et metteur en scène
Volodia Serre. Un projet ambitieux
qui lui a permis d'obtenir, en 2006, le Prix Théâtre
13 décerné à l'issue d'un concours organisé
par le théâtre éponyme pour aider la jeune
création parisienne et, d'être à l'affiche
de ce lieu en 2008.
Le spectacle finalisé atteste de réelles qualités
mais pourrait illustrer le proverbe "Qui trop embrasse
mal étreint". Volodia Serre, manifestement épris
de ce texte, a voulu le servir au mieux mais pèche par
surabondance.
En effet, à l'actif, se trouvent le sens de la mise
en espace, encore que la configuration étroite du plateau
du Théâtre 13 se prête mal aux dégagements
tous azimuts, l'ingénieux décor-lego à
géométrie variable, transformable à vue,
le rythme trépidant impulsé de manière
boulevardière et la direction chorale d'acteurs, ils
sont douze, qui ont la même culture (ils sont quasiment
tous, à l'exception de deux, issus du CNSAD), et certaines
scènes, comme celle introductive jouée dans le
noir presque complet, sont particulièrement réussies.
Cependant, sur un opus qui dépasse les deux heures
et manque de progression dramatique, le parti pris du registre
vaudevillesque, entendu dans son acception frénétique,
qui s'ajoute à la dimension bouffonne originale des personnages,
l'introduction d'une dimension messianique et l'omniprésence
de l'habillage musical composé et joué en direct
par Jean-Marie Sénia, bien qu'intrinsèquement
irréprochable, parasitent le champ d'écoute du
spectateur.
Et, dans ce tourbillon, une figure se détache : celle
de Alexandre Steiger qui tient le rôle titre.
|