Textes
de Valère Novarina, adaptation, mise en scène
et jeu de Louis Castel avec la collaboration artistique de Nicolas
Struve et Alain Leonesi.
Pour les fidèles de Valère
Novarina, chaque spectacle est une manne céleste
; pour les autres, ceux qui ne connaissent pas ou connaissent
mal, le premier spectacle peut être le dernier car la
première approche de cet auteur, qui œuvre dans
le théâtre mystique du verbe, est parfois rude.
Aussi faut-il absolument courir à la Maison de la Poésie
pour voir "Devant la parole"
qui permet, grâce à l'extraordinaire prestation
de Louis Castel, d'approcher l'univers
mental de Valère Novarina et d’appréhender
des clés qui permettront d'aborder son œuvre dramatique.
Ce passeur inspiré nous raconte plusieurs histoires,
celle de la parole qui construit tout, l'espace et le temps,
la parole qui est verbe, celui qui est au commencement de tout
et qui sort l'homme du néant, celle du Rétable
de Bréra de Piero della Francesca, une nativité
qui cache une piéta, et celle de l'acteur Louis de Funès
et de l'homme tabernacle provisoire, qui participent de la conception
critique, mystique et métaphorique du langage telle qu'elle
est formalisée par Novarina.
Le bonhomme, harnaché d'un pliant, promeneur au pays
des mots, envahit l'espace de la grande salle de la Maison de
la Poésie et, comme un chasseur de papillons, grimpe
au balcon, descend par une échelle, court dans les travées,
pour agiter ce "précipité théâtral"
qui s’avère un vrai spectacle intelligent et ludique.
Exceptionnel, tout simplement. Et les mots sont pesés. |