En
2003, le mythique label indépendant Rough Trade fondé
par Geoff Travis a fêté ses vingt-cinq
ans. Déjà immortalisée par Jeffrey
Lewis au travers d'une de ses fameuses 'low-budget-videos',
son histoire fut riche en rebondissements, notamment d'une interruption
au début des années 90 mais peut néanmoins
se targuer de posséder un répertoire d'hier et d'aujourd'hui
arborant fière allure.
D'où l'idée d'une n-ième compilation proposant
la réinterprétation de ses grands moments par la fine
fleur actuelle. Au rang des privilégiés parmi les
seize titres proposés, on notera la double présence
de Young Marble Giants, des Strokes
et de Galaxie 500 (shoegazers américains
oubliés de la deuxième moitié des eighties).
Alors oui bien sûr, tout n'est pas inoubliable mais ce disque
réserve quelques moments de bravoure.
A commencer par une irrésistible entame crescendo : "Fa
Ce La" par Eastern Lane, le génial
Adam Green faisant ensuite sienne "Eating
Noddemix" des Young Marble Giants avant un des sommets
du disque, à savoir "We Could Send Letters"
par Mystic Chords Of Memory, ranimant cette bluette
pop new-wave des Aztec Camera (sur leur premier album de
chef d'oeuvre "High Land, Hard Rain" paru en
1983).
Très chouette encore un peu plus loin le classique de Robert
Wyatt, "At Last I Am Free" superbement revu
par Liz Fraser avant d'aborder le gras du disque
; les choses ne tardent heureusement pas à s'arranger avec
"Ride It On" l'archi-classique de Mazzy Star,
interprété à la perfection par Delays.
La fin sera, quant à elle, parfaite : Jeffrey Lewis
atomisant "Part-Time Punks" des Television
Personalities - par ailleurs impeccablement reprise par les
Perfect
Kevins il y a peu -, British Sea Power
réservant le même traitement à "Tugboat"
des Galaxie 500 suivi par les Detroit Cobras
- phénoménale formation de la Motor City dédiée
aux reprises - avec "Last Nite", grand classique
des Strokes d'avant la chute.
La curiosité du disque revenant au titre de clôture
(encore une relecture des géniaux Young Marble Giants), "Final
Day" par Belle & Sebastian, irrésistible,
dansante à souhait, sur laquelle surnagent claviers idiots
et sublime voix gorgée d'effets de Stuart Murdoch.
L'apogée d'un disque en guise de final, en deux mots : la
classe.
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