Ce soir là en arrivant au Fil, c'est tout un cinéma... L'ambiance déjà... Je marche seul dans la nuit et le froid, de gros flocons de neige tombent lourdement sous la lueur blafarde des lampadaires... [ambiance Max Payne], au loin on entend la puissante clameur de milliers de supporters stéphanois faire bouillir le chaudron, serais-je en train de pénétrer dans une arène, à quels combats dois-je m'attendre? [ambiance Gladiator] Ok, vous me direz certainement "arrête ton char Ben Hur" ou bien que je me fais trop de films mais certaines fois la réalité se rapproche étonnamment la fiction et ce fut le cas ce soir là...
Au menu, un copieux dîner musical! Au fil, on ne se moque pas des clients! Pas moins de 4 formations musicales vont se succéder, petite déception tout de même l'annulation de Coming Soon -pour de légitimes raisons- qui promettait une bonne dégustation... Peut importe ce qui nous attend c'est du lourd, ça tombe bien le froid donne faim.
Attaque énergique avec la formation, que dis-je, la team, que dis-je, la troupe "Kabu Ki Buddah", ce super trio, original, composé de trois mutli-instrumentistes (1♀ + 2♂). Tous chantent, alternent leurs places et s'échangent instruments selon les morceaux : basse, batterie, synthé, violoncelle, trombone à coulisse... mais aucune guitare! Uniformément vêtus de survêtements old school sous lesquels ils ont glissés un marcel, on les dirait échappés d'un cirque d'Europe de l'Est... cocktail détonnant et délirant qui s'il était soutenu par des guitares -saturées de préférence- pourrait parfois faire penser à du métal mais il n'en est rien le résultat est puissant, mélodique et festif et ne peut être cantonné dans un ou plusieurs styles...
Pas vraiment de mots pour les décrire mais c'est un pur régal, de plus ils ne manquent pas d'humour et vont jusqu'à faire de petites chorégraphie synchronisées sur scène, pas de doutes ils savent communiquer leur pèche! Pour les connaisseurs leur concept n'est pas sans rappeler le génie de System Of A Down, groupe Américano-Arménien de néo métal, les K-K-B pourraient eux lancer le mouvement disons... "néo festif"?
Ensuite pour casser les codes on passe directement de l'entrée au trou normand, avec Raymonde Howard, cette guitariste chanteuse solo, qui elle serait plutôt issue des années 50-60 avec sa Gretsh Jazz, autre concept, plus intimiste et minimaliste cette fois-ci, grâce à une "loop station" couplée à sa guitare et ses deux micros chant lui permet de créer des boucles musicales en live et doubler des rythmiques, riffs, mélodies guitare ou bien cœurs, phrasés, refrains chantés... Raymonde nous livrera un agréable et doux set, teinté de blues, pop et folk sous une incroyable concentration stimulant une écoute attentive de la part du public qui plongera d'autant plus vite dans son univers.
Retour sur la grande scène et c'est au tour de Second Sex, de faire leurs preuves, sous l'acclamation de hordes de collégiennes surexcitées conquises d'avance. Quand on a affaire à une formation d'adulescent qui cartonne auprès des ados, l'oreille et l'œil se font plus critiques que jamais et il est difficile de mettre les préjugés de coté... Quoi qu'on en dise, que l'on aime ou non, il faudrait vraiment être de mauvaise fois pour ne pas reconnaître que ce groupe, quoique jeune, est vraiment bon.
Sur scène il faut se méfier des apparences, ces quatre gaillards parisiens branchés à première vue, balancent un bon rock'n'roll très propre, rappeux et péchu, et on peut dire qu'ils envoient du steak! Leurs morceaux sont cohérents et pas surchargés, pas de solos à rallonge ou d'extravagances superficielle pour un résultat des plus efficace.
Même si tout le monde n'est pas conquis ce groupe prouve qu'il n'est pas qu'une façade et on pourrait saluer le fait que leur succès ne sort pas d'une émission de télé-realité. A choisir pour l'éducation musicale des générations futures je voterai sans douter pour des groupes comme celui-ci plutôt que pour Star Ac et compagnie... On ne rappellera jamais assez cette expression vitale dans le monde d'aujourd'hui "Éteins la télé et allumes ton cerveau"... les oreilles suivront!
Voici venu le temps du plat de résistance, avec The Bellrays, groupe Californien précurseur du Rock'n'Soul. Oui vous avez bien entendu rock and soul! En effet la chanteuse, Lisa Kekaula, qui a collaboré avec plusieurs formations de styles variés tel que Basement Jaxx, pourrait être définie comme une Diva de la soul, oserai-je même dire une James Brown au féminin. Collez par dessus une formation rock'n'roll expérimentée et vous obtiendrez du "Hard Sweet and Sticky" , comme s'intitule leur dernier opus.
Et là, sur scène c'est un régal, ils réussissent à embraser la salle, si le précédent groupe envoyait du steak, The Bellrays nous servent carrément le rôti, pour dire si c'est du lourd! Le public est séduit et en redemande. Ce groupe à un style sans prétentions, pas de chichi, les guitares, basses, batteries et amplis on vécus et ne brillent plus depuis longtemps mais peu importe le flacon, le groupe assure, puissant, énergique autant musicalement que vocalement, la chanteuse a du coffre! Généreux le groupe nous offre deux rappels synonymes de bouquet final!
Le public ravi et repus rentre chez lui dans le froid mais de bonne humeur!
Alors combien d'étoiles pour le Fil?
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