Eparpillée sur tout Rennes et ses environs, la 30ème édition des Rencontres Transmusicales de Rennes s'ouvre enfin. Non-anniversaire toujours sans tête d'affiche (une surprise ayant été annulée au dernier moment), le festival montre une fois de plus son désir de découverte de musiques mais aussi de lieux en agrandissant chaque année leur nombre. Difficile donc de tout voir, impossible même et nous allons devoir faire un choix, celui dans un premier temps d'aller au Parc Expos où, dans une programmation assez electro, le jeudi s'annonce très très rock.
La soirée eut pourtant du mal à démarrer dans ces grands hangars toujours un peu froids : en ouverture, présentés et salués par Jean-Louis Brossard, le groupe rennais The Popopopops du collection Rennes Riot a la lourde tâche d'ouvrir les festivités et nous proposeront un set très classique, impressionant de professionalisme pour ce groupe de lycéens, mais finalement peut être un peu trop sage, à l'image de la prestation du chypriote Mario Chris en DJ Set dans le Hall 3 qui, malgré une techno excessivement efficace, se contentera d'envoyer les disques, passant presque plus de temps à faire une sélection dans son classeur dos au public qu'à réellement animer la soirée.
L'ambiance se réchauffe nettement avec l'arrivée de Jay Reatard et son power trio blues rock à forte teneur en distortion.
Le chevelu s'evertuera d'ailleurs à laisser trainer une boucle de guitare déchirée entre chacune de ses courtes chansons projetées comme des giffles aux veinards remplissant (plutôt bien) le grand hall.
Un sacré gout de Jay Mascis pour ce Reatard piochant à droite à gauche mais toujours à fond la caisse.
On retombe un peu en pression avec les Cage The Elephant du Kentucky. Un groupe de plus dans la mouvance pop-rock pas forcément originale avec son chanteur déchainé, son guitariste qui porte haut et des morceaux très correct mais encore une fois loin d'être originaux.
Pendant ce temps entre les différents groupes, DJ Le Clown grand habitué des Trans, délivre ses bootlegs avec son Video Circus. C'est parfois excellent, parfois un peu facile mais on ne s'ennuie pas avec de jolis montages et du rock qui fait les yeux doux au hip hop et vice-versa.
Manque d'originalité pour certains des premiers groupes de la soirée ? On ne pourra pas dire cela de Iglu & Hartly, 5 lascards de Los Angeles qui proposent un détonnant mélange pop-rock avec des mélodies hip hop. C'est enfin le bonheur d'être aux Trans pour découvrir ce genre de fous furieux qui en font des tonnes et dont les mélodies restent dans la tête une bonne partie de la soirée. A revoir absolument.
Maintenant que la soirée est bien partie, continuons dans les perles dénichées par Jean-Louis Brossard et ce Deathset, totalement foutraque, où les structures des chansons semblent désintégrées par les distortions, où les titres démarrent doucement pour finir dans un chaos total. Un voyage dans le n'importe quoi maitrisé de belle manière par ces trois fans de punk qui finira même par un Territorial Pissings du plus bel effet.
Un cours de maths, voici ce que propose ce quintet anglais. Ou plutôt un cours de math-punk, sauce 2008, avec musiciens hors-pair pour le côté math et une scansion bien déchirée pour le côté punk. On reste ébahi devant la maitrise de ces jeunes musiciens tout en finesse dissimulée derrière une nonchalance et un côté punk pas bien féroce.
Finalement tout cela partait mal, mais il a suffit de quelques surprises pour qu'on se remette en tête que dans les Trans, il y a de tout, du bon, du moins bon, mais tellement de nouveautés qu'on ne peut qu'avoir hâte des prochains concerts, en attendant samedi pour assister à l'incroyable Orka-Tiersen dont tous les spectateurs en disaient déjà le plus grand bien hier soir.
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