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Tristan Garcia  (Gallimard)  2008

Tristan Garcia est donc l’auteur de ce premier livre, touchant, La meilleure part des hommes. Évidemment, le style décevra en raison de phrases hachées qui peuvent, il est vrai, déplaire. Mais si Tristan Garcia n’a pas encore trouvé sa voix, il sait insuffler la vie à cette histoire, sorte de huis clos à quatre personnages.

Dominique Rossi est le fondateur de Stand, association homosexuelle de lutte contre le sida. Il rencontre William Miller et s’éprend de ce jeune homme désoeuvré et solitaire. Entre-temps, apparaît un troisième homme, Jean-Michel Leibowitz, intellectuel enseignant à l’université et ayant combattu dans les rangs gauchistes au cours des années 70. Entre ces trois hommes, navigue enfin une femme, Elizabeth Levallois, narratrice et amante de Jean-Michel.

Suite à la rupture entre Dominique et William, une véritable lutte s’engage. William Miller est devenu, en effet, une icône de la communauté gay, et peu à peu il fait de l’ombre à celui qui pouvait, auparavant encore, se considérer comme son éducateur. Il est entré en littérature par hasard, se lance dans un combat contre le port du préservatif, et semble prêt à ravir la place de roi de la nuit laissée vacante par Dominique. Hélas, sa naïveté le rend peu apte à faire face à ce dernier lequel trouve un allier inattendu en Jean-Michel Leibowitz. Il est très vite déconsidéré aux yeux des médias et meurt tout seul dans un hôpital du sida.

Il est certain que Tristan Garcia s’inspire de personnages réels qui ne sont autres que Guillaume Dustan (le fameux William Miller ou Will), Didier Lestrade (Dominique Rossi, Doum) et, je pense, Alain Finkielkraut (Jean-Michel Leibowitz, Leibo). Toutefois, il s’en inspire seulement, à tel point que Dustan pourrait apparaître caricatural pour ceux qui connaissent, à l’instar de moi, son œuvre. Tristan Garcia a tout simplement compris son rôle d’écrivain.

L’affrontement entre Didier Lestrade et Guillaume Dustan au sujet du port du préservatif lui a permis de retracer l’histoire intellectuelle et sexuelle de la France de la fin des années 70 jusqu’à une période récente, soit celle qui voit la montée en puissance de Nicolas Sarkozy avant les élections présidentielles de 2007. Bien sûr, cette reconstitution de l’histoire est parfois fragile, mais elle ne manque pas d’intérêt tant l’on voit, à partir du personnage de Jean-Michel Leibowitz, ce glissement progressif d’une élite intellectuelle venue de la gauche vers le conservatisme le plus étroit.

Tristan Garcia tend ainsi à montrer l’usure du temps qui condamne les intelligences, mais surtout il révèle les ressorts réels des êtres humains. Derrière les discours, chacun agit pour son propre intérêt sans pouvoir faire preuve de morale ou d’un désintéressement quelconque (je serais tenté de faire une comparaison entre la médiocrité des protagonistes de La meilleure part des hommes et celle existant chez les personnages de Anthologie des apparitions et surtout Nada exist de Simon Liberati). Les victimes sont souvent celles qui, comme William Miller, n’ont pas compris cette réalité-là.

 D’ailleurs, l’auteur semble centrer son livre sur ce personnage. En raison de la bêtise de William Miller (les moments relatant ses différentes interventions à la télévision, sa recherche d’un emploi dans une agence de l’ANPE créent cet humour que ne cesse de développer Tristan Garcia, autre trait positif de La meilleur part des hommes), nous nous laissons gagner par la pitié, mais une pitié qui cache finalement l’empathie. Car William Miller est le seul des quatre personnages à montrer cette meilleure part que possède plus ou moins chaque homme. À Jérusalem, il parvient à dépasser son ego afin de prendre en considération l’environnement extérieur. D’autre part, le récit de son enterrement est un témoignage émotionnellement fort d’un destin condamné. William Miller a été, en fin de compte, trahi par tous, même par celle, la narratrice, qui paraissait, au-delà de son père et de sa mère, la plus proche de lui.

Bref, La meilleure part des hommes se termine sur ce jugement pessimiste, mais, en même temps, lucide : cette meilleure part des hommes ne correspond point à une œuvre laissée pour la postérité qui peut seulement garantir de l’opportunisme de certains, non, il s’agit plutôt des sentiments, des actes dont sont témoins peu d’hommes, mais qui dévoilent l’humanité de tous.

 

Thomas Dreneau         
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