Les premières notes qui s'échappent de Home donnent le ton. L'introduction de "Games" très planante faites de choeurs superposés séduit tout de suite.
Un temps dans le giron de M. Ward, puis exilé à Copenhague, ce jeune compositeur de 21 ans offre aujourd'hui ce Home en guise de premier album étonnament mature et abouti dans un genre pourtant difficile à renouveler qu'est celui de la folk. Enfin, quand je dis folk c'est très resumé, histoire de dire en un mot que l'essentiel du disque est constitué d'une guitare acoustique et d'une voix limpide.
Pour le reste, on oublie les guitares sèches et la voix monotone. Sur Home, le son est chaud et aérien. On retrouve un environnement qui sera familier pour qui aime les Red House Painters de Marc Kozelek et les Apartments de Peter Milton Walsh.
Peter Broderick emprunte d'ailleurs à chacun cet art et surtout cette
(belle) manière du do it yourself. Home, portant en ce sens parfaitement son nom, un disque d'un seul homme fait avec le coeur.
Mais attention, pas question d'ambiance de lo-fi dans la cave pour autant mais plutôt d'une belle production sobre et ample offrant une proximité entre le musicien et l'auditeur absolument nécessaire pour apprécier ce moment de grâce.
Comme sur "Games", on retrouve à plusieurs reprises les voix "célestes" ou "angéliques" qui tiennes autant des Beach Boys que d'une chorale hypnotique. Ces "iuuuuh" et "huuuuuuum" ont une place prépondérante ici et prennent même le pas sur les textes ("Maps", "There and here").
D'ailleurs, lorsque Broderick se met à chanter, des textes j'entends, la mélopée de sa voix se rapproche finalement de ces harmonies vocales qui parsèment le disque ("Not at home"). C'est lent et fluide, doux et chaleureux et nous plonge dans un bien-être dont il est bien désagréable de sortir, les dernières notes s'étant tues.
Cette musique quasi contemplative et mélancolique ("Maps" que l'on pourrait presque prendre pour un chant de Noël) s'accorde tout de même quelques fantaisies comme le temps de "Sickness, bury" qui enfle lentement jusqu'à nous évoquer le shoegazing doucereux de Slowdive.
La musique de Broderick semble couler de source, une source généreuse et pleine de vertues à laquelle on se délecte autant que l'on s'y désaltère.
Un disque parfait pour la saison et plus généralement indispensable à votre discotheque d'un jeune artiste inspiré et talentueux à qui on ne peut que souhaiter une longue et brillante carrière même s'il fait partie de ceux qui promettent tant dès le premier album que le cap du deuxième est souvent difficile à franchir. En attendant, profitons de l'hospitalité de ce Home, décidément vraiment sweet home. |