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puce Laurent Azimioara - Directeur du Théâtre de l'Orme
Interview  (Paris)  29 octobre 2008

A Paris, dans le 19ème arrondissement, au Pré Saint Gervais, le Théâtre de l'Orme s'est implanté au coeur d'une cité d'habitation dans un local qui abrita les premiers bains-douches affectés à la gendarmerie que son directeur, Laurent Azimioara a façonné de ses propres mains, au sens propre du terme, pour lui donner une âme.

Nous avons rencontré cet homme de théâtre d'origine roumaine, animé d'une vraie passion qui lui a permis de se reconstruire après son expatriation, et de continuer non seulement à faire du théâtre mais à professer pour transmettre son savoir aux jeunes générations.

Vous êtes comédien et metteur en scène et vous avez la plus grande partie de votre carrière en Roumanie avant d'émigrer en France où vous avez commencé une nouvelle aventure théâtrale qui se concrétise aujourd'hui au Théâtre de l'Orme que vous avez fondé en 2002. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur ce périple d'une vie ?

Laurent Azmioara : Vous savez, je suis un peu anarchiste et je n'ai pas de relations avec les gens qui sont au pouvoir. Il est même rare que je donne des interviews. Dans les années 60, j'avais déclaré à la presse roumaine que je ne voulais pas répondre à des interviews parce qu'un artiste n'a rien à dire. Ce qu'il a à dire, il le dit sur la scène. Pour le reste, il faut qu'il se taise. J'ai respecté ce principe. Mais je vous réponds bien volontiers en tant que directeur de ce théâtre.

En Roumanie, j'étais comédien, metteur en scène et professeur à la faculté de théâtre qui était une école unique de théâtre qui enseignait tous les arts du théâtre et du cinéma, la Faculté d'art théâtral et cinématographique L.L. Caragiale. Ensuite j'ai été appelé à ouvrir le théâtre de Roumanie que Ceaucescu avait fait construire et qu'il voulait être le plus grand théâtre du monde à l'exemple de l'Opéra Garnier de Paris. C'était un lieu immense avec pas moins de 3 000 sources de lumière qui a fini par brûler.

J'ai inauguré ce théâtre, le Théâtre National, tout en faisant également des mises en scène pour d'autres théâtres. J'ai arrêté d'être comédien car je ne pouvais pas tout faire. Au Théâtre National, j'ai monté beaucoup de pièces avec notamment, Irina Rachiteanu, qui était une immense vedette, la Sarah Bernard roumaine. C'était une femme très belle et fantastique, brune aux yeux mauve, qui est devenue une amie.

Vous avez monté des auteurs classiques mais aussi des auteurs contemporains dont Marguerite Duras.

Laurent Azmioara : Oui. Mais à l'époque je ne connaissais pas Marguerite Duras. C'est le mari de Irina Rachiteanu, qui était diplomate et qui avait vécu à Paris, qui avait lu "La musica" et qui est venu me trouver en me disant qu'il voulait faire un cadeau à son épouse : la faire jouer dans "La musica" au théâtre. Et il m'a demandé de faire la mise en scène. Quand j'ai lu ce texte, je n'ai pas du tout apprécié car cette première lecture me faisait penser à une littérature de gare. Je l'ai néanmoins mis en scène avec donc Irina Rachiteanu et Constantin Codrescu et ce fut un triomphe. Mais je crois que je suis resté, à l'époque, avec le sentiment que je n'avais pas totalement compris cette œuvre. Et c'est quand je suis arrivé à et que j'ai mis en scène le "Shaga" que j'ai eu de son œuvre une autre approche. Depuis, j'ai une passion pour cet auteur.

Racontez-nous votre épopée française et notamment la genèse du Théâtre de l'Orme.

Laurent Azmioara : Je suis arrivé en France très pauvre, dans une situation dramatique, avec ma femme qui était très malade et un jeune enfant de 3 ans, parlant vaguement le français. Ma femme est d'origine française, mais née à Prague, d'une famille très connue parenté avec les Bourbon, et nous avons fait un choix spirituel et culturel en venant en France. Même si je ne parlais pas couramment le français, j'avais une culture française Dans les années 50 en Roumanie, tout était interdit et on n'avait même pas le droit d'écouter Johann Strauss. Je vais vous raconter une anecdote à ce sujet. Un jour, nous avons appris qu'à la faculté de médecine se jouerait "La mer" de Debussy, enfin que le disque serait diffusé, et nous étions très nombreux à y aller. Si nombreux que nous avons enfoncé les portes bien que n'étant pas des voyous. Qui au monde a fait ça dans sa vie ?

En France, personne ne me connaissait et, le premier mois de mon arrivée, j'ai eu un contact très négatif avec les instances politiques, une des personnes les plus importantes au pouvoir. Ce premier contact avec les instances culturelles officielles a été très difficile car on m'a dit : "Pourquoi êtes-vous venu ici car nous avons le même régime qu'en Roumanie ?". J'ai répondu à cet interlocuteur en lui disant : "Monsieur vous êtes un imposteur !" et j'ai claqué la porte. C'était en 1981. Et depuis, je n'ai jamais demandé quoi que ce soit à personne.

Avec de grosses difficultés, seul, j'ai créé une école de théâtre privé qui a tout de suite bien fonctionné et j'ai eu la chance de connaître une personne qui m'a présenté au maire de Paris de l'époque qui m'a proposé d'ouvrir, en la louant, une salle au Forum des Halles. J'y suis resté 10 ans. La maladie de ma femme m'a contraint à me rapprocher de mon domicile près duquel j'ai ensuite créé un lieu pour en faire un théâtre aidé de mes amis. Mais il n'a jamais fonctionné car ce il a été vandalisé de manière irrécupérable. Tout avait réduit en miettes par des jeunes qui ont considéré que c'était leur lieu et que j'étais donc un intrus. Cela a été terrible et je ne sais pas comment j'ai survécu à cet événement.

Ensuite, j'ai trouvé ce lieu qui était à l'origine, avant la construction de la cité HLM, une petite maison, puis qui a été transformée en établissement de bains-douches. Malgré son état, j'ai été immédiatement séduit par quelque chose d'indéfinissable qui en émanait, une atmosphère qui m'a laissé penser que c'était le lieu qui convenait.Le lieu, qui avait été laissé à l'abandon, était dans un état épouvantable et je l'ai restauré, avec quelques aides et amis, sans aucune aide financière publique, pierre après pierre, en mettant à nu la construction et les matériaux d'origine.

Quelle est aujourd'hui la vocation du Théâtre de l'Orme ?

Laurent Azmioara : Elle est double. D'une part, le théâtre comprend deux salles de spectacles, le théâtre sous verrière et une salle plus petite pour les spectacles de petit format, pour y donner des spectacles que nous produisons nous-même et des spectacles que nous accueillons.

D'autre part, le théâtre est doublé d'une école de théâtre, l'école "Arts et Métiers du Spectacle", qui propose une formation complète, comme son nom l'indique, aux arts du spectacle. Ada d'Albon, mon épouse, qui est comédienne, metteur en scène et écrivain anime l'atelier de méthodologie et de travail de scènes du répertoire classique et contemporain. Pour ma part, j'assure l'atelier "voix-chant" et mon fils Ion, diplômé de l'Institut Supérieur des Arts Appliqués, intervient depuis cette année pour une initiation à l'improvisation et au travail devant la caméra.

Quels sont les prochains spectacles à l'affiche du Théâtre de l'Orme pour cette nouvelle saison théâtrale ?

Laurent Azmioara : La saison 2008-2009 va comporter la trilogie consacrée à Marguerite Duras avec la reprise de "Savannah Bay" suivie de "L'amante anglaise" puis de "Le Shaga" dont j'assure la mise en scène. Personnellement, quand je monte une pièce de Marguerite Duras, je suis heureux d'exister encore car, à chaque fois, je continue à découvrir chaque phonème du texte. Et je peux même créer un mystère autour de son écriture savoir si c'est elle qui écrivait car elle buvait énormément et on se demandait comment elle pouvait écrire. Nous sommes très humbles, moi, le théâtre et les artistes qui font ce travail. Nous sommes fascinés, heureux, de chaque respiration qu'on peut avoir pour communiquer encore avec cette dame.

Notre grand projet consiste dans le festival que nous allons organiser et programmer en juillet 2009. Il s'agit d'un festival destiné à célébrer le spectacle vivant contemporain et nous avons choisi de l'orienter vers la création contemporaine. C'est-à-dire que nous allons sélectionner des projets concernant des textes n'ayant jamais été joué en France, pas même une fois, pour promouvoir l'écriture dramatique, en permettant la découverte de nouveaux auteurs, et pour donner aux jeunes compagnies et aux comédiens, par la concrétisation d'un projet en co-réalisation, de disposer d'un cadre et d'un lieu de représentation.

Ce festival qui célèbrera le théâtre s'inscrit dans un contexte plus large puisque pendant toute sa durée le Théâtre de l'Orme initiera également des événements collatéraux et multidisciplinaires dont notamment des expositions artistiques. C'est donc une grande et passionante entreprise de fraternité théâtrale sur laquelle nous fondons de grands espoirs.

 

En savoir plus :

Le site officiel du Théâtre de l'Orme



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Du côté de la musique:

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"Belluaires" de Ecr.Linf
"Queenside Castle" de Iamverydumb
"Five to the floor" de Jean Marc Millière / Sonic Winter
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"Berg, Brahms, Schumann, Poulenc" de Michel Portal & Michel Dalberto
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